L'éditeur britannique Pearson a annoncé jeudi la vente du Financial Times au groupe japonais Nikkei, jugé mieux armé pour aider le prestigieux quotidien des milieux d'affaires à affronter les mutations technologiques des médias.
Pearson a annoncé dans un communiqué avoir cédé l'essentiel du FT Group, qui comprend le quotidien et son édition internet, ainsi que diverses firmes de services, au géant médiatique nippon pour 844 millions de livres (1,2 milliard d'euros).
Attendue pour la fin de l'année, la transaction va exclure en revanche les 50% détenus par FT Group dans The Economist Group - qui comprend le magazine du même nom -, ainsi que l'immeuble du FT sur le bord de la Tamise dans le centre de Londres.
"Pearson a été fier d'être le propriétaire du FT pendant près de 60 ans. Mais nous avons atteint un point d'inflexion dans les médias, avec l'explosion de la croissance du mobile et des réseaux sociaux", a expliqué John Fallon, le directeur général de Pearson, cité dans le communiqué du groupe qui avait racheté le Financial Times en 1957.
"Dans ce nouvel environnement, la meilleure manière pour le FT d'assurer son succès journalistique et commercial est d'être membre d'une entreprise d'information numérique mondiale", a ajouté le patron de cet éditeur spécialisé dans les publications éducatives, dont les bénéfices s'étaient effrités l'an passé.
Le FT est pourtant considéré par les analystes des médias comme ayant bien mieux négocié le virage du numérique qu'une frange importante de la presse papier, déstabilisée par l'explosion des informations diffusées, souvent gratuitement, via les nouvelles technologies.
Plus que centenaire, le quotidien britannique connaît, selon les données communiquées jeudi par Pearson, une diffusion totale de 737.000 exemplaires par jour, en comptant sa version papier et son édition numérique payante.
Cette dernière représente 70% du total du lectorat, via des accès payants et souvent sur terminaux mobiles. Le quotidien revendique un lectorat de plus de 2 millions de personnes tous les jours.
Fournies par un réseau international de plus de 600 journalistes, ses informations, analyses et commentaires, à l'orientation libérale parfois contestée, sont suivies de près par les responsables politiques et les décideurs du monde entier, au-delà des seuls milieux d'affaires dont il constitue l'ultime référence.
- Le Nikkei, référence des décideurs nippons -
"Je suis extrêmement fier que nous fassions équipe avec le Financial Times, l'un des médias d'informations les plus prestigieux du monde", s'est réjoui le PDG du groupe Nikkei, Tsuneo Kita, dans le même communiqué.
"Notre engagement à fournir du journalisme de haute qualité sur l'information économique et autres, tout en restant justes et impartiaux, est proche de celui du FT. Nous partageons les mêmes valeurs journalistiques", a-t-il ajouté.
Le groupe d'informations financières Nikkei, référence pour les dirigeants et cadres nippons, édite le quotidien économique du même nom, mais aussi, entre autres, des magazines et des livres, fournit un fil d'information en temps réels, des données financières et des vidéos, en s'appuyant sur plus de 3.000 employés.
Plus tôt dans la journée, le Financial Times lui-même avait affirmé que Pearson était en discussions avancées au sujet du FT avec le groupe allemand de médias Axel Springer, qui a annoncé peu après qu'il n'achètera pas le journal, avant que Pearson n'annonce officiellement la transaction avec le Nikkei.
Des rumeurs parcouraient les salles de rédaction et de marchés depuis lundi et la publication d'un article de l'agence Bloomberg News qui avait affirmé que Pearson sondait des acheteurs potentiels pour son quotidien aux pages saumon.
Reste que le prix mis sur la table par Nikkei semble plutôt élevé dans un contexte difficile pour la presse. Le fondateur du géant américain du commerce en ligne Amazon, Jeff Bezos, avait ainsi acheté le prestigieux quotidien américain Washington Post pour "seulement" 250 millions de dollars fin 2013.
L'action Pearson a clôturé en hausse de 2,07% à la Bourse de Londres, à 1.234 pence, après l'annonce de l'éditeur.
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