La bactérie tueuse d'oliviers Xylella Fastidiosa qui ravage les arbres pluriséculaires des Pouilles italiennes et était tellement redoutée des agriculteurs corses, vient d'être identifiée sur l'île de Beauté où sa présence a été relevée sur des feuilles de myrte.
Ce premier cas avéré de présence de cette bactérie dans la nature, annoncé par la Préfecture, a été détecté à Propriano, dans une haie en bordure d'une zone commerciale et ne concerne pas à ce stade les oliviers ni aucune culture commerciale.
Dans un communiqué, la Préfecture d'Ajaccio explique que la Xylella Fastidiosa "a été identifiée aujourd'hui en Corse-du-Sud sur des plants de Polygale à feuille de myrte (Polygala myrtifolia) dans une zone commerciale de la commune de Propriano".
La Fastidiosa, présente dans le sud de l'Italie depuis 2013, avait été jusqu'à présent détectée une seule fois en France, mi-avril au marché de gros de Rungis en région parisienne, sur un plant de caféier ornemental en provenance d'Amérique centrale et aussitôt isolé.
Mais cette fois, circonstance aggravante, la bactérie qui se transmet par un insecte volant, et donc potentiellement voyageur, a été découverte en pleine nature.
Alors qu'aucun moyen de lutte n'existe autre que la destruction des végétaux infectés, les agriculteurs corses, qui ont relancé dans les années 80 la production d'huile d'olive et de vins de qualité, redoutaient tout particulièrement de la voir arriver sur leurs terres, tellement proches de la péninsule italienne.
Depuis le mois de mars, la préfecture de Corse avait lancé un appel à la vigilance car la Xylella Fastidiosa menace en réalité tout le verger méditerranéen et quelque 200 espèces de végétaux.
Les autorités ont donc renforcé les mesures de contrôle et de surveillance, tout en appelant la population à lui signaler symptômes ou suspicions évoquant la présence de la Xylella Fastidiosa sur les espèces cibles (oliviers, prunus, pêchers, amandiers, lauriers-roses, vignes, agrumes, caféiers, chênes).
Dans le cadre de ces contrôles, des prélèvements sont régulièrement effectués, restés négatifs jusqu'à ce que celui du 20 juillet, à Propriano, soit déclaré positif.
- arrachage et désinsectisation -
Réalisé par la fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles (Fredon) il a été transmis au laboratoire de référence de l'Anses, et "s'est révélé aujourd'hui positif", indique la préfecture.
"Le préfet de Corse-du-sud a immédiatement demandé à ce que les premières mesures du plan d'urgence soient mises en oeuvre", dont l'arrachage des plantes concernées , la désinsectisation de la zone et la conduite d'une enquête épidémiologique" indique-t-il sur le site de la préfecture.
Le Conseil régional d'orientation de la politique sanitaire animale et végétale (Cropsav) doit faire le pont de la situation vendredi et arrêter des mesures, poursuit le préfet.
La proximité de la Corse avec les côtes italiennes, et l'inquiétude du Languedoc-Roussillon, grande région fruiticole du sud de la France, avaient conduit la France à suspendre unilatéralement les importations de produits frais en provenance des zones infestées, provoquant la colère des Italiens.
De son côté, l'Union européenne, tout en renonçant à toute forme d'embargo, a adopté fin avril un dispositif renforcé pour endiguer la propagation de la maladie, jugeant la menace suffisamment sérieuse pour l'agriculture.
Bruxelles impose notamment la mise en place d'une zone tampon de 20 km autour du foyer de l'infection, dans la province italienne de Lecce (sud). Les arbres malades devaient y être abattus et une stricte surveillance mise en place dans un rayon de 100 m autour de chaque souche contaminée.
Les Etats-membres de leur côté ont obligation de notifier toute apparition de la bactérie et de délimiter la zone touchée. En cas de nouveau foyer, ils devront détruire dans un rayon de 100 m toutes les plantes susceptibles d'accueillir la bactérie.
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