François Hollande est attendu de pied ferme jeudi matin à Dijon, où il défendra face à des responsables agricoles un plan d'urgence d'aide aux éleveurs qui peine à convaincre, comme le démontre la persistance de barrages routiers et d'autres actions de protestation.
Cette rencontre, qui a été ajoutée à un déplacement initialement consacré à la viticulture, se tiendra à 9H00 à la préfecture. Parmi les interlocuteurs du président de la République, figureront Jean-Pierre Fleury, président de la Fédération nationale bovine, qui est également éleveur en Côte d'Or, Bernard Lacour, président de la FDSEA de Saône-et-Loire et Samuel Legrand, le président des Jeunes Agriculteurs de Bourgogne.
Confronté depuis le week-end dernier à une contestation grandissante, le gouvernement a annoncé mercredi un plan d'urgence doté de plus de 600 millions d'euros en faveur des éleveurs en difficulté.
Ses objectifs sont de relever les prix payés aux éleveurs, pour le porc comme pour la viande bovine, et de desserrer l'étau de la dette des éleveurs. L'Etat va ainsi engager avec les banques une restructuration de l'ensemble des dettes à moyen et long terme.
Ces annonces ont toutefois suscité des réactions pour le moins mitigées. La FNSEA, premier syndicat agricole, a jugé elle-même les mesures gouvernementales "insuffisantes" sur le long terme, même si elles "peuvent répondre sur le court terme à quelques urgences".
Sur le terrain, les barrages installés par des éleveurs autour de Caen depuis lundi matin et où avait débuté le mouvement de colère, ont commencé à être levés mercredi, mais le mouvement s'est propagé à d'autres régions.
- Blocage sur les accès à Lyon -
Si la situation semblait s'apaiser en Bretagne et dans le nord du pays, c'est dans le centre-est du pays que la tension reste vive, les éleveurs d'Auvergne et de Rhône-Alpes ayant annoncé leur intention de bloquer les accès de Lyon et de Clermont-Ferrand. Mercredi soir, les accès Nord et Est de Lyon ont déjà été bloqués. Mercredi également les actions de protestations, souvent dirigées contre des grandes surfaces, s'étaient propagées à la France-Comté, les Hautes-Pyrénées ou encore la Corrèze. D'autres actions sont prévues jeudi notamment en Bourgogne, où se rend le chef de l'Etat.
L'ensemble de l'exécutif est désormais mobilisé, soucieux d'éviter que cette crise ne s'éternise au c?ur de l'été, avec ses implications politiques éventuelles à quelques mois des élections régionales.
Le ministre de l'Agriculture monte au créneau dans Libération daté de jeudi pour défendre le plan gouvernemental. Répondant à une critique récurrente, il assure notamment qu'au delà de l'urgence, le gouvernement a "posé les bases d'une réforme en profondeur" et qu'il est possible de "changer de modèle d'élevage".
La droite "dormait pendant qu'on prenait les premières mesures", accuse-t-il, mettant également en cause le plan 2009 du gouvernement Fillon face aux virulentes critiques de l'opposition.
Le Premier ministre Manuel Valls, lui aussi mobilisé, interviendra à 7H45 sur RTL.
Il profitera sans nul doute d'un déplacement dans le sud-ouest de la France dans l'après-midi pour aborder encore des thématiques agricoles, à l'occasion notamment de la visite d'un laboratoire pharmaceutique vétérinaire à Libourne (Gironde).
La tension gagne le monde politique et la vigueur des joutes entre l'opposition et le gouvernement, mercredi à l'Assemblée nationale, était là pour en témoigner.
Lors d'une séance agitée de questions au gouvernement, Manuel Valls s'en est vivement pris au président du groupe Les Républicains, Christian Jacob, dénonçant ses prises de position sur le mouvement des éleveurs qui ne sont ni "dignes" ni "à la hauteur de la situation" et soutiennent "le populisme" et le "poujadisme".
Dans son interpellation du gouvernement, M. Jacob, ancien syndicaliste agricole, avait qualifié le plan gouvernemental d'"opération de com'", de "mascarade", de "mensonge" ou encore de "fumisterie".
Le président du parti Les Républicains et ancien chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, a considéré pour sa part que ce plan n'était "pas à la hauteur de la crise de l'agriculture française" et "ne répond pas au déficit de compétitivité à relever".
Le chef des députés socialistes, Bruno Le Roux, a répliqué en dénonçant l'opposition "maximaliste et outrancière" de Nicolas Sarkozy, qui est "la caricature de lui-même".
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