Le Parlement grec s'apprêtait mercredi à adopter un deuxième train de mesures controversées, réclamées par les créanciers, un vote qui risque d'aggraver la crise au sein du parti de la gauche radicale Syriza d'Alexis Tsipras et de fragiliser la majorité de son gouvernement.
Les projets de loi sur de nouvelles mesures incluent une réforme de la justice civile, l'accélération des procédures de vente aux enchères et le renforcement des liquidités des banques, fortement affectées par trois semaines de fermeture et par la crise économique.
Cette fermeture, ainsi que les contrôles de capitaux et limitations de retraits d'argent qui subsistent, ont été imposées pour éviter un effondrement bancaire lors des tractations épineuses entre Athènes et ses créanciers, UE et FMI.
Une recapitalisation des banques grecques devrait d'ailleurs intervenir d'ici la fin de l'année, a indiqué le ministre grec des Finances Euclide Tsakalotos lors de l'examen du texte en commission parlementaire. Le débat en séance publique débutera après 20h00 locale (17h00 GMT), le vote interviendra en fin de soirée.
Les députés doivent également adopter la transposition d'une directive européenne sur les banques qui garantit les capitaux jusqu'à 100.000 euros.
La Banque centrale européenne (BCE) a relevé mercredi le plafond des prêts d'urgence (ELA) accordés aux banques grecques, leur dernière source de financement réactivée après l'accord trouvé le 13 juillet sur le principe d'un troisième plan d'aide à la Grèce.
Lors d'une réunion dans la matinée avec les responsables de banques, Alexis Tsipras a souligné que "la priorité" était de normaliser le système financier tout en protégeant les citoyens aux faibles revenus.
- Appels à manifester -
Le syndicat des fonctionnaires Adedy et le syndicat PAME proche du parti communiste ont chacun appelé à un rassemblement de protestation près du Parlement à 16H30 GMT. La semaine dernière, des incidents avaient eu lieu, opposant quelques manifestants et la police, alors qu'était débattu un premier train de mesures, beaucoup plus contestées (hausses de taxes et de cotisations).
Comme mercredi dernier, le second paquet attendu par les créanciers devrait être adopté à une large majorité: la coalition gouvernementale comprenant la gauche radicale Syriza et les députés du petit parti souverainiste Grecs Indépendants (Anel) pourra encore compter sur les voix de l'opposition.
Dans la foulée de ce vote, Athènes et ses créanciers vont recommencer à plancher sur les modalités du troisième plan d'aide d'environ 80 milliards d'euros. Le commissaire européen chargé des Affaires économiques, Pierre Moscovici, a dit mercredi que Bruxelles visait une finalisation du plan d'ici à "la deuxième quinzaine d'août".
La Grèce a quasiment le même calendrier en tête car le pays, dont les caisses sont vides, doit rembourser 3,19 milliards d'euros à la Banque centrale européenne (BCE) le 20 août, avant 1,5 milliard au FMI en septembre.
Mercredi dernier, deux jours après la conclusion à l'arraché de l'accord entre la Grèce et ses créanciers, les premières mesures exigées par les partenaires européens avaient été adoptées par 229 voix sur les 300 de l'Assemblée.
Mais la défection de plus d'un cinquième des députés du Syriza a fait passer la majorité gouvernementale de 162 députés --149 du Syriza et 13 d'Anel -- à 123 voix.
Alexis Tsipras a fustigé les frondeurs. Six mois après son arrivée au pouvoir, il a exclu du gouvernement, la semaine dernière, les ministres qui avaient refusé de valider des mesures de rigueur allant à l'encontre de toutes les promesses faites par Syriza.
La porte-parole du gouvernement s'est voulu rassurante mercredi, estimant que "le climat était meilleur que la semaine dernière", dans la majorité.
Olga Gerovasili a cependant reconnu que si subsistait la division du parti de gauche radicale "en deux "stratégies, deux points de vue () il sera peut-être impossible de continuer ainsi".
Fort d'une grande popularité dans les sondages, Alexis Tsipras sera contraint de trancher face aux frondeurs, jugent les analystes, tablant sur la tenue de législatives anticipées.
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