Le Parlement grec s'apprêtait mercredi à adopter un deuxième train de mesures controversées, réclamées par les créanciers, un vote qui risque d'aggraver la crise au sein du parti de la gauche radicale Syriza d'Alexis Tsipras et de fragiliser la majorité de son gouvernement.
Les projets de loi sur de nouvelles mesures prévoient la réforme de la justice civile, l'accélération de la procédure de ventes aux enchères et le renforcement des liquidités des banques, fortement affectées par trois semaines de fermeture et par la crise économique.
Cette fermeture, ainsi que les contrôles de capitaux et limitations de retraits d'argent liquide qui subsistent, ont été imposées pour éviter un effondrement bancaire sur fond des tractations entre Athènes et ses créanciers, UE et FMI.
Le texte prévoit également la transposition d'une directive européenne sur les banques qui garantit les capitaux jusqu'à 100.000 euros.
Une réunion a eu lieu mercredi matin entre le Premier ministre Alexis Tsipras et des responsables de banques. "Ce qui est la priorité maintenant c'est de normaliser le système (financier) mais en même temps de protéger les citoyens ayant de petits revenus", a dit M. Tsipras, cité par l'Agence de presse grecque (Ana, semi-officielle).
Le projet de loi a été introduit en procédure d'urgence mercredi matin, et soumis aux commissions parlementaires avant un débat prévu en plénière à l'Assemblée, avec l'ensemble des 300 députés, en fin d'après-midi, suivi d'un vote pendant la nuit.
Le ministre de la Justice Nikos Paraskevopoulos a exprimé des doutes sur certaines dispositions du projet de loi sur la procédure civile tout en soulignant qu'il allait le voter.
"Le pays se trouve en situation d'urgence, je suis devant un dilemme () je ne veux pas contribuer à un éventuel défaut de paiement", a-t-il dit.
- Appels à manifester -
Le syndicat des fonctionnaires Adedy et le syndicat PAME proche du parti communiste ont chacun appelé à un rassemblement de protestation près du Parlement à 16H30 GMT. La semaine dernière, des incidents avaient eu lieu, opposant quelques manifestants et la police, alors qu'était débattu un premier train de mesures, beaucoup plus rigoureuses (hausses d'impôts et de cotisations).
Cette fois, comme mercredi dernier, le texte devrait être adopté sans problème: la majorité de coalition gouvernementale comprenant les députés du Syriza et ceux du petit parti souverainiste Grecs Indépendants (Anel) doit à nouveau pouvoir compter sur les voix des partis de l'opposition, la droite (Nouvelle-Démocratie) et socialistes (Pasok).
Mercredi dernier, deux jours après la conclusion aux forceps d'un accord entre la Grèce et ses créanciers sur la négociation d'un troisième plan d'aide financière, les premières mesures exigées par les partenaires européens avaient été adoptées par 229 voix sur les 300 de l'Assemblée.
Mais la défection de plus d'un cinquième des députés du Syriza a réduit la majorité gouvernementale, de 162 députés --149 du Syriza et 13 d'Anel -- à 123 voix.
Alexis Tsipras a fustigé les frondeurs. Six mois après son arrivée au pouvoir, il a exclu du gouvernement les ministres qui avaient refusé de valider des mesures de rigueur allant à l'encontre de toutes les promesses faites par Syriza mais aussi du référendum du 5 juillet.
M. Tsipras a aussi évoqué mardi la convocation éventuelle d'un congrès en septembre, mais souligné que la priorité restait de finaliser un accord avec les créancier d'ici le 20 août, date d'un remboursement de 3,188 milliards d'euros à la Banque centrale européenne (BCE). La Grèce espère une aide de plus de 80 milliards sur trois ans.
Grâce à 7,16 milliards d'euros débloqués en urgence par l'UE, la Grèce a soldé lundi deux remboursement dus au Fonds monétaire international (FMI) et la BCE, pour un total de 6,7 milliards d'euros.
Mardi soir, l'agence de notation Standard and Poor's a relevé la note du pays, en jugeant que le risque d'une sortie de la Grèce de la zone euro s'était réduit.
Fort d'une grande popularité dans les sondages, Alexis Tsipras, 41 ans, sera contraint de trancher face aux frondeurs, jugent les analystes.
De même, la réduction du nombre des députés de la majorité à moins de 120 pourrait affaiblir encore plus la coalition gouvernementale et provoquer des élections anticipées, même si la porte-parole du gouvernement a écarté ce scénario lundi.
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