Du Mont Saint-Michel au pont de Tancarville, les éleveurs en colère ont à nouveau fortement perturbé mardi la circulation en Normandie, où le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll s'est enfin rendu dans l'après-midi pour rencontrer les manifestants, alors que la colère des producteurs gagnait d'autres régions.
Après bientôt deux journées de blocage du périphérique de Caen, le ministre a cédé à la demande des éleveurs normands de venir les rencontrer lors d'une réunion à la préfecture du Calvados.
"Je ne souhaite qu'une seule chose, qu'il ne vienne pas annoncer des mesurettes, mais qu'il pense au long terme", a réagi Rodolphe Lormelet, ancien président des Jeunes agriculteurs du Calvados.
"Ca montre que les actions qu'on a menées au Mont Saint-Michel paient () Maintenant, attendons de voir ce qu'il va proposer, mais ne croyons pas au miracle", a déclaré à l'AFP Yannick Bodin, responsable de la Coordination rurale de la Manche, à un barrage interdisant l'accès au célèbre rocher.
Les touristes, obligés de descendre de voiture avant de pouvoir atteindre le parking, devaient passer devant les tracteurs pour pouvoir se rendre au Mont Saint-Michel, bloqué par les éleveurs depuis lundi après-midi.
A l'autre bout de la Normandie, les éleveurs ont bloqué les trois ponts suspendus qui séparent Rouen de la mer: les ponts de Normandie, de Tancarville et de Brotonne, provoquant parfois la colère des usagers.
"C'est inutile ce qu'ils font car ils embêtent le peuple, c'est les politiciens qu'il faut aller chercher chez eux et prendre en otage", tonne Jean-Luc Majan, un touriste belge qui a dû patienter une heure pour pouvoir emprunter le pont de Normandie, qui domine l'estuaire de la Seine.
- Les sites touristiques visés -
"C'est râlant" (en France on dirait plutôt rageant), soupire son épouse Karine, âgée d'une quarantaine d'années. "Nous allons voir de la famille à Granville (Manche), pour seulement deux jours".
Les éleveurs ont bloqué l'axe avec seulement quatre à cinq tracteurs et remorques. "C'est suffisant", a commenté Charles Vimbert, secrétaire général des Jeunes agriculteurs (JA) de Haute-Normandie.
Quand des automobilistes étaient enfin autorisés à passer, les réactions étaient diverses à l'adresse des éleveurs, parfois favorables, parfois non. "Les réactions les plus négatives sont celles des étrangers", reconnaît un éleveur sur un barrage.
Les actions des éleveurs normands ont fait des émules à l'entrée de la Bretagne, où le péage de La Gravelle était bloqué par un barrage filtrant dans les deux sens Paris-Rennes. La quatre-voix N12 était bloquée en au moins deux points entre Rennes et Brest ainsi qu'à Mayenne. Des tracteurs bloquaient aussi des ponts très fréquentés à Morlaix et Brest (Finistère).
Soixante-dix tracteurs, selon la préfecture d'Ille-et-Vilaine, ont perturbé la circulation à Saint-Malo, le premier site touristique de Bretagne.
Ailleurs en France, dans le Sud-Ouest, une vingtaine d'agriculteurs de Dordogne ont bloqué l'accès à Lascaux 2, la réplique de la célèbre grotte, avec cinq tracteurs et deux bennes. Ils ont déployé des banderoles sur lesquelles on pouvait lire "Le lait, la mort" (référence à un slogan promotionnel pour les produits laitiers, "le lait, la vie") ou encore "Le Foll des paroles, à Caen une réaction".
A Loulans (Haute-Saône), dans la nuit de lundi à mardi, des éleveurs ont intercepté un camion de lait appartenant à la société Lactalis (collecteur de lait) et déversé son contenu, soit 16.000 litres. A Melisey, à une cinquantaine de kilomètres de là, d'autres éleveurs ont intercepté un autre camion de lait, dont ils ont crevé les pneus.
Deux barrages filtrants sont prévus dans la Loire dès demain matin 6 heures au niveau des communes de Balbigny et dans le Roannais, à Mably, sur la nationale 7.
"L'idée est de faire des blocages filtrants et d'arrêter les poids lourds pour vérifier leur chargement", a expliqué Xavier Morel, chargé de mission "élevage" à la FDSEA de la Loire. "On veut expliquer aux automobilistes que nous souhaitons une répartition un peu plus digne des marges".
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