Caen, Evreux, le Mont Saint-Michel, les ponts de Normandie et de Tancarville: les éleveurs en colère perturbent fortement la circulation en Normandie mardi matin pour la deuxième journée consécutive, protestant contre la faiblesse du prix de leurs productions.
La rocade de Caen est complètement bloquée, a-t-on indiqué au Centre régional d'informations routières. L'action des éleveurs en colère a commencé dès dimanche après-midi dans le Calvados, suivie d'un blocage des accès à Caen depuis lundi à l'aube.
Les éleveurs, qui avaient levé dans la nuit les barrages autour du Mont-Saint-Michel, un des sites touristiques les plus visités de France, en ont établi de nouveaux dans la matinée sur les deux principales voies d'accès, a indiqué la préfecture de la Manche. Quarante-cinq tracteurs participent à l'opération, a déclaré Yannick Bodin, de la Coordination rurale du département.
La FNSEA a annoncé en outre le blocage à partir de 10H30 de deux des trois grands ponts supendus permettant de franchir la Seine en aval de Rouen, le pont de Normandie et celui de Tancarville. Le pont de Normandie est bloqué par quelques tracteurs en direction de Caen.
Les manifestants ont aussi élevé des barrages sur plusieurs routes ou autoroutes, notamment sur la N12 (barrage filtrant près d'Alençon, dans l'Orne) ou sur l'autoroute A84 entre Caen et Rennes, près d'Avranches, selon le Crir.
- Plan d'urgence -
A Evreux, des éleveurs de l'Eure ont bloqué avec des tracteurs les principaux axes d'accès à la ville. En milieu de matinée, la situation s'améliorait, quatre des cinq barrages devenant filtrants.
"Nous avons mis en place cinq points de blocage d'Evreux avec une centaine de tracteurs", a déclaré à l'AFP Amaury Lévesque, président des Jeunes Agriculteurs de l'Eure (JA27). "Nous avons déversé aussi du fumier sur les plateformes de déchargement des grandes surfaces", a-t-il ajouté.
Une délégation d'éleveurs a été reçue par le préfet de l'Eure, René Bidal. Les éleveurs ont ensuite été reçus par le président du conseil départemental, Sébastien Lecornu (Les Républicains).
Les éleveurs, qui ont multiplié les actions ces dernières semaines, réclament la venue du ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll. Ce dernier leur a proposé de les recevoir jeudi à Paris, quand il aura pris connaissance du rapport que le médiateur des prix, qu'il a désigné, doit lui remettre mardi avec 24 heures d'avance.
François Hollande a annoncé mardi qu'un "plan d'urgence" en faveur des éleveurs serait présenté mercredi lors du Conseil des ministres.
"Des mesures d'urgence, c'est pas ça qui va sauver l'élevage", a commenté Samuel Bidert, secrétaire général adjoint de la FDSEA du Calvados, interrogé par l'AFP.
"On veut des mesures sur le long terme pour structurer la filière et l'augmentation immédiate des prix", a-t-il ajouté, soulignant que "tant qu'on n'aura pas de rendez-vous avec (Stéphane) Le Foll à Caen, on ne lèvera pas le camp", et les blocages sur la rocade caennaise.
Ailleurs dans l'Ouest, "une action s'organise actuellement" à Saint-Malo afin de bloquer la ville la plus visitée de Bretagne, a déclaré Yannick Frain, délégué cantonal de la FDSEA d'Ille-et-Vilaine. Les éleveurs comptent établir un barrage filtrant sur l'usine marémotrice de la Rance et faire de Saint-Malo "une ville morte toute la journée", a-t-il averti. Un blocage est signalé aussi à une entrée de Brest, où une grande surface a été prise pour cible par les éleveurs qui ont déversés fumier et gravats sur le parking.
Dans le Sud-Ouest, une vingtaine d'agriculteurs de Dordogne bloquent depuis 07h00 l'accès à Lascaux 2, la réplique de la célèbre grotte, avec cinq tracteurs et deux bennes. Ils ont déployé des banderoles sur lesquelles on peut lire "Le lait, la mort" (référence à un slogan promotionnel pour les produits laitiers, "le lait, la vie") ou encore "Le Foll des paroles, à Caen une réaction".
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