Le constructeur aéronautique Dassault Aviation a remis lundi à l'Egypte les trois premiers des 24 Rafale commandés en février, réalisant ainsi sa première livraison à l'export plus de 14 ans après la mise en service de son avion de combat.
Cocarde noire, blanche, rouge au flanc et drapeau égyptien peint sur l'empennage, les trois appareils biplaces ont été officiellement remis lors d'une cérémonie sur la base aérienne 125 d'Istres-Le Tubé (Bouches-du-Rhône), en présence de l'ambassadeur d'Egypte en France, Ehad Badawy, et du général Ragga Khalil, de l'état-major de l'armée de l'air égyptienne.
Commandés mi-février, après une négociation menée en un temps record (moins de six mois), les premiers exemplaires ont été modifiés et livrés dans les mêmes délais, afin de participer à l'inauguration du nouveau canal de Suez, le 6 août, un an jour pour jour après le lancement de ce chantier pharaonique par le président égyptien Abdel Fatah al-Sissi.
Les avions décolleront mardi pour l'Egypte, pilotés par des militaires égyptiens formés par l'armée de l'air française à Istres, principale base d'essais en vol du Rafale.
"Impossible n'est ni français, ni égyptien", s'est félicité Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation, qui a souligné que ces appareils ont été "prélevés sur la chaîne France", c'est à dire sur le contingent destiné à l'armée de l'air française.
Longtemps restée l'unique acheteur du Rafale, la France recevait jusqu'à présent l'intégralité de la production, actuellement de 11 exemplaires par an. Mais seuls cinq lui seront remis cette année, trois autres avions assemblés en 2015 devant être livrés à l'Egypte début 2016.
L'armée française, qui dispose déjà de 137 appareils sur les 180 commandés, avait accepté de décaler certaines livraisons pour que l'Egypte puisse commencer à recevoir ses appareils dès cette année, la loi de programmation militaire prévoyant que les ventes à l'export permettront "d'atteindre une cadence de production satisfaisante".
- 'Capable de mener toutes les missions' -
Dassault Aviation produit actuellement 11 Rafale par an et n'a pas annoncé à ce jour d'augmentation de cadence, bien que l'industriel assure être en mesure de la multiplier par 2,5.
L'accélération se fera d'ici 2018, date de la première livraison au Qatar, a expliqué M. Trappier en marge de la cérémonie. L'émirat a commandé 24 Rafale début mai, et pris une option sur 12 avions supplémentaires.
Par ailleurs, l'Inde a annoncé l'achat de 36 appareils "sur étagère" (c'est-à-dire fabriqués en France), lors de la visite à Paris du Premier ministre indien Narendra Modi en avril. La négociation de ce troisième contrat devrait aboutir "d'ici deux mois", a indiqué le patron de Dassault Aviation, confirmant l'échéance évoquée en juin par le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
Après plusieurs déconvenues à l'export, notamment au Maroc, en Suisse et au Brésil, le contrat avec l'Egypte a accéléré des discussions entamées de longue date et l'éventualité d'une quatrième signature d'ici la fin de l'année a été mentionnée par MM. Trappier, Le Drian et Denis Mercier, chef d'état-major de l'armée de l'air française. Les Emirats Arabes Unis, la Malaisie, l'Indonésie et la Belgique figurent parmi les prospects du constructeur.
Le Rafale récolte les fruits de sa polyvalence, vantée par M. Badawy, qui a souligné que l'avion de chasse français est "capable de mener toutes les missions de la guerre aérienne moderne".
Ces capacités sont particulièrement recherchées par l'armée égyptienne, confrontée à la présence de groupes terroristes à l'Est, au Sinaï, et à l'Ouest, en Libye. Le pays est "déterminé à oeuvrer à combattre les forces du terrorisme et de l'obscurantisme", a déclaré l'ambassadeur, qui n'a pas précisé si les Rafale seront immédiatement employés contre ces menaces.
L'Egypte a d'ores et déjà acheté en juin des kits de missiles air-sol AASM Hammer à Sagem (groupe Safran), qui seront livrés à partir de 2016 et équiperont ses Rafale.
Les 24 appareils (16 biplaces et 8 monoplaces) achetés à la France font partie d'une commande de 5,2 milliards d'euros incluant également une frégate multimissions FREMM, remise fin juin par le constructeur naval DCNS à la marine égyptienne lors d'une cérémonie à Lorient.
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