Les Grecs ont repris lundi le chemin des banques rouvertes avec une palette de services encore très limitée après trois semaines de fermeture ayant affaibli l'économie qui encaisse également cette semaine le choc d'une importante hausse de TVA.
Toutes les succursales des banques du pays ont recommencé à accueillir les clients qui se sont présentés aux guichets en nombre, mais sans affluence exceptionnelle, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Il faut dire que les services offerts restent encore très limités, même si le contrôle des capitaux instauré depuis le 29 juin -- plafonnement des retraits d'argent liquide à 60 euros par jour et limitation drastique des virements vers l'étranger -- est légèrement assoupli.
Les Grecs peuvent recommencer à utiliser leurs cartes de crédit pour des achats à l'étranger. Des exceptions sont aussi créées pour ceux devant payer des soins médicaux ou des études hors de Grèce.
Certains espéraient plus. Grigoris, un retraité de 76 ans, souhaitait retirer en une fois le montant maximal autorisé jusqu'à vendredi, soit 300 euros pour cinq jours.
"On m'a expliqué que je devais attendre la fin de la semaine pour retirer cette somme", a-t-il expliqué, déçu, le temps que les 60 euros quotidiens autorisés se cumulent comme prévu si l'épargnant décide de n'effectuer qu'un retrait dans la semaine.
Louka Katseli, présidente de l'Union des banques grecques et de la Banque nationale de Grèce, l'un des quatre principaux groupements bancaires du pays, a appelé les usagers à ramener leurs économies dans les banques pour soutenir la solvabilité du système.
"Si nous sortons l'argent de nos coffres-forts et de nos maisons -où de toute façon, il n'est pas en sécurité- et que nous le déposons dans les banques, nous renforçons la liquidité" de l'économie, a-t-elle déclaré sur la chaîne de télévision Mega, rappelant que quelque 40 milliards d'euros avaient été retirés des banques grecques depuis décembre, dégradant considérablement leur situation.
- La TVA grimpe de 10 points -
La TVA passe elle lundi de 13% à 23% pour les denrées non périssables et la restauration, mais aussi les courses de taxis, les préservatifs, ou encore les enterrements.
Elle reste inchangée à 13% pour l'hôtellerie, et est légèrement réduite à 6% pour les médicaments, les livres et les places de spectacle.
Le gouvernement espère des recettes supplémentaires annuelles de quelque 2,4 milliards d'euros à partir de 2016 et de 795 millions d'euros cette année.
Le Parlement grec avait voté dans la douleur mercredi ces hausses de TVA, conformément aux engagements pris lors d'un sommet européen mouvementé à Bruxelles. En échange, ses partenaires ont promis un nouveau plan d'aide, le troisième depuis 2010.
Athènes va recevoir un prêt d'urgence de 7 milliards d'euros qui seront vite engloutis par un remboursement lundi à la Banque centrale européenne (4,2 milliards d'euros) et par le règlement d'arriérés auprès du Fonds monétaire international (2 milliards).
Malgré tout, la chancelière allemande Angela Merkel a répété dimanche son opposition à une réduction "classique" de la dette grecque, jugeant qu'un tel "haircut" ne pouvait avoir lieu "dans l'union monétaire".
"La Grèce a déjà obtenu des allègements", a-t-elle rappelé. "Si l'examen du programme qui doit être négocié est réussi, nous pourrons de nouveau les évoquer."
Pour la première fois depuis des mois, des experts de la BCE, du FMI et de la Commission européenne, une formation auparavant appelée "troïka" et qui a symbolisé pour les Grecs une mise sous tutelle de leur pays, sont attendus à Athènes cette semaine.
Ils devront évaluer l'état d'une économie grecque éprouvée par les restrictions financières.
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