La tribune du président français, François Hollande relançant l'idée d'un "gouvernement économique" de la zone euro ne convainc pas les éditorialistes qui y voient "un plaidoyer européen à usage très interne" peu susceptible d'entamer "les certitudes" de l'Allemagne.
Cette proposition est "une vieille idée française", puisée chez Jacques Delors, souligne lundi Dominique Garraud dans "La Charente Libre".
Or "dans les heures les plus rudes du feuilleton grec, l'Allemagne a largement démontré qu'elle tient les rênes d'une gouvernance économique comptable et disciplinaire ralliant la majorité des pays de la zone euro", ajoute l'éditorialiste. "Et ce n'est pas le plaidoyer européen à usage très interne de François Hollande qui entamera ses certitudes."
"A chaud, Allemands et Français jouent les sauveurs" de la Grèce, observe Christophe Bonnefoy (Le Journal de la Haute Marne). "A froid, ils seront accusés d'avoir été à la solde de la finance. La même que le chef de l'Etat promettait de combattre pendant la campagne présidentielle". "Sur le plan intérieur, le président de la République tente de (re)prendre de la hauteur", estime-t-il. "Et la main par la même occasion" alors que "sa politique est un échec."
"Alors que l?encre des signatures de l?accord qui assujettit la Grèce n?est pas encore sèche, François Hollande plaide en faveur d?une zone euro qui ferait encore moins de cas de la souveraineté des peuples" et fonctionnerait au profit des Etats les plus puissants, au premier rang desquels figure l?Allemagne", s'indigne Jean-Paul Piérot (L'Humanité). Or "pour espérer endiguer la crise de confiance entre les opinions publiques et les institutions européennes, les chemins de la démocratie et de la solidarité sont plus sûrs que les impasses de la domination d?une avant-garde".
Le chef de l'Etat cherche-t-il "à institutionnaliser une Europe à deux vitesses, entre ceux qui ont l'euro et les autres ?", se demande Herbé Chabaud (L'Union et l'Ardennais).
"Après le feuilleton de la crise grecque, resservir l'Europe aux Français n'est-il pas indigeste?" , s'interroge pour sa part ouvertement Alain Dusart (L'Est Républicain).
Et ce alors que dans un "tweet ravageur", Dominique Strauss-Kahn "dit l'inanité de ce qui est imposé à la Grèce", relève Yves Harté (Sud-Ouest).
Le problème, souligne Hervé Favre (La Voix du Nord) en guise de conclusion, "c?est qu?il n?y a plus en Europe aujourd?hui des figures comme Delors, Mitterrand et Kohl pour porter" une ambition commune, "des dirigeants capables de mettre l?intérêt européen au-dessus de l?intérêt national."
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