La Grèce entre dans une semaine à hauts risques, avec deux tests majeurs lundi pour l'économie et le Premier ministre Alexis Tsipras: la réouverture des banques et une hausse de TVA de 10 points sur une série de biens et services.
Les banques, fermées depuis le 29 juin, doivent rouvrir en vertu d'un décret publié samedi par le gouvernement, remanié pour évincer les ministres frondeurs.
Les restrictions et contrôles de capitaux restent en place, avec des assouplissements. La limitation des retraits d'argent liquide est fixée à 420 euros par semaine, au lieu de 60 euros par jour, afin d'éviter aux Grecs de refaire chaque jour la queue au distributeur.
Des exceptions sont aussi créés pour ceux devant payer des soins médicaux ou des études à l'étranger.
La TVA passe dans le même temps de 13% à 23% pour les denrées non périssables et la restauration, mais aussi les courses de taxis, les préservatifs, ou encore les enterrements.
Elle reste inchangée à 13% pour l'hôtellerie, et est légèrement réduite à 6% pour les médicaments, les livres et les places de spectacle.
Le gouvernement espère des recettes supplémentaires annuelles de quelque 2,4 milliards d'euros à partir de 2016 et de 795 millions d'euros cette année.
La chaîne allemande de supermarchés Lidl s'est offert dès dimanche des encarts publicitaires dans les journaux grecs pour annoncer qu'elle ne répercuterait pas la hausse sur les prix.
Le Parlement grec avait voté dans la douleur mercredi ces hausses de TVA, conformément aux engagements pris lors d'un sommet européen mouvementé à Bruxelles. En échange, ses partenaires ont promis un nouveau plan d'aide, le troisième depuis 2010.
Athènes va recevoir un prêt d'urgence de 7 milliards d'euros qui seront vite engloutis par un remboursement lundi à la Banque centrale européenne (4,2 milliards d'euros) et par le règlement d'arriérés auprès du Fonds monétaire international (2 milliards).
Malgré tout, la chancelière allemande Angela Merkel a répété dimanche son opposition à une réduction "classique" de la dette grecque, jugeant qu'un tel "haircut" ne pouvait avoir lieu "dans l'union monétaire".
"La Grèce a déjà obtenu des allègements", a-t-elle rappelé. "Si l'examen du programme qui doit être négocié est réussi, nous pourrons de nouveau les évoquer."
Pour la première fois depuis des mois, des experts de la BCE, du FMI et de la Commission européenne, une formation auparavant appelée "troïka" et qui a symbolisé pour les Grecs une mise sous tutelle de leur pays, sont attendus à Athènes cette semaine.
Ils devront évaluer l'état d'une économie grecque éprouvée par les restrictions financières.
- 'Crash test' en vue pour Tsipras -
La semaine sera aussi cruciale pour l'avenir du Premier ministre Alexis Tsipras, dont la mère a assuré à un tabloïd grec qu'il "ne dormait plus" ni ne "mangeait plus". L'accord de Bruxelles exige le vote mercredi prochain de nouvelles réformes (justice civile, législation bancaire).
Selon le journal Avgi, proche de Syriza, M. Tsipras veut faire de ce nouveau vote un "crash test" et démissionner si les défections augmentent. Mercredi dernier, il avait perdu 39 voix sur les 149 députés que compte son parti de gauche radicale, certains élus estimant qu'il avait trahi le référendum du 5 juillet. Les Grecs avaient alors massivement voté contre une poursuite de l'austérité.
M. Tsipras a même enregistré les critiques du prix Nobel d'économie Paul Krugman, jusqu'à présent l'un des plus virulents contempteurs des mesures d'austérité imposées à Athènes: "J'ai peut-être surestimé la compétence du gouvernement grec."
Les créanciers doivent de leur côté mettre sur les rails un nouveau plan d'aide à la Grèce, de plus de 80 milliards d'euros sur trois ans, en surmontant leurs divergences.
Illustrant les frictions, le ministre français des Finances a balayé dimanche l'idée chère à son homologue allemand Wolfgang Schäuble d'une sortie temporaire de la Grèce de l'euro.
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