Des attentats quasi-simultanés ont détruit dimanche les voitures de cinq membres des branches armées du Jihad islamique et du Hamas, confronté à la contestation grandissante de salafistes radicaux dans la bande de Gaza.
Ces attaques n'ont pas été revendiquées pour le moment mais des groupes affirmant soutenir l'organisation jihadiste Etat islamique (EI) ont déjà dit être responsables de plusieurs attentats récents contre le Hamas. La police du mouvement islamiste au pouvoir dans l'enclave palestinienne n'a accusé personne mais promis que les "saboteurs" ne pourraient "pas échapper aux sanctions".
Ces attentats sont inédits à différents niveaux: c'est la première fois que le Jihad islamique, deuxième force à Gaza et allié du Hamas, est ainsi visé; c'est aussi la première fois qu'une attaque coordonnée --les cinq bombes ont explosé en l'espace d'un quart d'heure dans le même quartier de Cheikh Radouane-- vise autant de membres des mouvements islamistes à Gaza.
Selon les témoins, des bombes avaient été placées sous trois voitures appartenant à des membres des brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas, et deux à des membres des brigades Al-Qods, la branche armée du Jihad islamique.
Plusieurs attaques ont déjà visé des membres, parfois de haut rang, du Hamas, ainsi que plusieurs de ses bâtiments. La plus spectaculaire avait eu lieu début mai lorsqu'un groupe salafiste se faisant appeler les "Partisans de l'Etat islamique à Jérusalem" a revendiqué des tirs de mortier contre une base d'al-Qassam.
A chaque fois, le modus operandi semble indiquer qu'il s'agit de menaces et d'avertissements, les explosions survenant toujours de nuit ou à une heure où aucun passant ne se trouve aux alentours.
Dimanche matin, les explosions ont totalement détruit les véhicules dont les carcasses gisaient, carbonisées, devant les domiciles de leurs propriétaires, sans toutefois faire de victime. Seuls des "dégâts matériels" sont à déplorer, a assuré la police du Hamas qui a annoncé avoir ouvert une enquête.
- Nouvelles arrestations ? -
En juin, après plusieurs attaques contre ses forces ainsi que des intérêts étrangers, le Hamas avait arrêté des dizaines de personnes dans les milieux salafistes.
Une figure salafiste avait trouvé la mort dans un échange de tirs avec la police et les arrestations avaient provoqué une volée de communiqués menaçants de la part de la mouvance salafiste.
Le Hamas avait déjà durement réprimé en 2009 des mouvements salafistes radicaux allant jusqu'à détruire l'une de leurs mosquées.
Après l'attaque de dimanche, la police du Hamas, qui assure surveiller les groupes salafistes à Gaza, a promis la fermeté. Elle pourrait mener de nouvelles arrestations.
Pour les experts, le Hamas, fort de près de 30.000 hommes en armes, contrôle la situation.
Mais à Gaza, on s'inquiète du cocktail explosif que constituent la pauvreté et le chômage galopants, une reconstruction qui se fait toujours attendre un an après la dernière guerre, les attentats de l'EI dans le Sinaï égyptien voisin, les querelles intestines et l'enfermement dû au blocus israélien et à la fermeture de la frontière par l'Egypte.
Jusqu'ici, aucun groupe à Gaza n'a obtenu l'adoubement de l'EI. Mais l'attrait de cette organisation extrémiste qui multiplie les exactions en Syrie et en Irak et a désormais une branche dans le Sinaï se fait de plus en plus sentir parmi la jeunesse dans un territoire exigu où s'entassent 1,8 million de personnes, affirment les experts.
Et une grande partie des Gazaouis sont déçus par les partis traditionnels palestiniens.
Le Hamas et le Jihad islamique, principales forces dans la bande de Gaza, dénoncent régulièrement les mouvements jihadistes, et notamment l'EI.
"Le Hamas ne veut pas que Gaza devienne la Syrie ou l'Irak, car ce serait faire un cadeau à l'occupant israélien", affirmait encore récemment un cadre du mouvement islamiste à l'AFP.
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