"Qu'ils assurent leur sécurité, c'est normal, mais qu'ils nous laissent nous baigner!": la fermeture imminente d'une plage publique de Vallauris, tout près de Cannes, pour assurer la sécurité de la famille royale saoudienne, suscite le dépit des usagers.
Nichée dans les rochers entre la voie ferrée qui relie Nice à Marseille et les eaux translucides de la Grande Bleue qu'elle domine, la propriété de villa de la famille royale saoudienne s?étire sur un kilomètre de littoral à Golfe-Juan, sur la commune de Vallauris, à proximité de Cannes.
C'est ici que le roi Salman doit se rendre en villégiature dans le courant de la semaine prochaine selon la préfecture, qui vient de prendre un arrêté d'interdiction d'accès au littoral le long de cette immense villa.
La plage publique de Vallauris, dite de la Mirandole, une petite crique de sable fin sous les fenêtres de la villa, se retrouvera ainsi condamnée d'accès, car le tunnel qui la dessert, passant sous la voie ferrée, sera fermé.
"Il ne reste plus qu?à dater et à signer cet arrêté dès que la Garde royale saoudienne nous aura donné le jour d?arrivée de l?avion du roi. Ensuite, avec un délai de prévenance de 24 heures, l?accès au littoral sera interdit par des policiers, pour le temps des vacances du roi", explique à l'AFP le sous-préfet de Grasse, Philippe Castanet. La préfecture maritime a pris de son côté un arrêté similaire qui interdira la navigation dans la bande des 300 mètres en face de la villa saoudienne.
Conséquence de cette décision, les usagers de la plage oscillent entre dépit et colère. "Ils prennent le droit et nous on ne peut rien dire, se désole Mohamed en rinçant sous la douche de la plage sa canne à pêche. Je viens ici le week-end parce que c?est un coin poissonneux, en interdire l?accès, ce n?est pas normal".
Même réaction pour Fatima, aide-soignante dans la région, venue se baigner avec ses deux fillettes: "Que ce soit lui ou un autre milliardaire, ils ont toujours la priorité sur les gens du peuple. Mais c?est vrai que d?un autre côté ils font marcher le commerce, à venir comme ça à 400 personnes. Il paraît même qu?ils vont refaire les routes de la commune". Didier, son compagnon, peintre en bâtiment, se souvient encore du jour où les CRS, dans les années 80, étaient venus déloger des baigneurs récalcitrants lors des vacances du roi Fahd.
Christian, un retraité cannois, fait, lui, contre mauvaise fortune bon c?ur: "Je suis venu me baigner aujourd?hui tant que c?est autorisé. Après, tant pis, j?irai ailleurs. Mais ce n?est pas normal, surtout la façon de faire".
Sans attendre l?accord de la préfecture, des ouvriers ont en effet commencé mercredi à poser une grille à l?entrée du souterrain pour barrer l?accès à la plage. Les travaux ont finalement été interrompus. Quelques jours avant, une dalle de béton a même été coulée dans le sable pour accueillir un ascenseur, là encore sans autorisation. La préfecture a accepté de fermer les yeux, en échange d?une promesse des Saoudiens de démonter l?installation à leur départ.
Habitué des lieux, Christian a remarqué ces jours-ci une activité plus intense dans la villa, avec des dizaines d?ouvriers qui s?activent, signe de l?arrivée imminente du roi. "Il y a deux jours, ils ont amené des dizaines de lauriers roses et de plantes diverses, une vraie forêt vierge, remarque-t-il.
Et vous voyez, ils ont remplacé les vitres des balcons, sans doute pour mettre du blindage". Depuis la plage, dans la villa en surplomb, l?homme désigne aussi ce qu'il pense être un "trône en or", qui prend le soleil sur une terrasse?
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