Un cinquième militaire est décédé samedi des suites de ses blessures après la fusillade de Chattanooga jeudi, dont l'auteur laisse les autorités perplexes.
L'attaque a déclenché un renforcement des mesures de sécurité des bases militaires dans plusieurs Etats.
Les gouverneurs de l'Oklahoma, du Texas, de l'Arkansas, de Floride, de l'Indiana et de Louisiane ont décidé d'autoriser le personnel de la Garde nationale à porter des armes sur les bases dans leurs Etats, ce qui n'était pas autorisé jusqu'à présent.
L'Utah, où cette disposition a déjà été adoptée l'an dernier, va examiner des mesures supplémentaires.
Au total, quatre membres des Marines et un marin ont été tués lors de l'attaque de jeudi, dans laquelle deux autres personnes ont été blessées, un recruteur des Marines et un policier.
Les US Marines sont un corps d'élite de l'armée américaine, distinct de l'US Navy.
Le tireur, identifié comme Mohammad Youssuf Abdulazeez, 24 ans, a été abattu sur place par la police. Ses motivations restent pour l'heure inconnues et les enquêteurs restent perplexes devant son parcours hétéroclite.
Les autorités, qui n'excluent pas un possible acte de "terrorisme intérieur", tentent de mieux cerner sa personnalité et s'intéressent notamment à un déplacement en Jordanie de ce jeune homme qui semblait sans histoire et n'était pas particulièrement surveillé.
Il vivait dans une banlieue calme de Chattanooga, ville d'environ 165.000 habitants du Tennesse (sud), mais a passé "près de sept mois l'an dernier" en Jordanie, a expliqué le New York Times vendredi, citant un haut responsable anonyme du renseignement.
Selon le quotidien, les enquêteurs se penchent sur un message qui pourrait avoir été envoyé par le tireur à un ami quelques heures avant la tuerie. Le texte comprendrait un verset islamique disant: "Quiconque fait preuve d'hostilité à l'égard d'un de mes amis, je lui déclare la guerre", selon le New York Times.
Les enquêteurs épluchent également les données de ses ordinateur, téléphone et comptes sur les réseaux sociaux pour savoir s'il n'aurait pas été en contact avec des organisations extrémistes durant son séjour dans le pays, ou s'il ne se serait pas rendu dans des pays limitrophes comme la Syrie.
Selon sa famille, Mohammad Youssuf Abdulazeez souffrait de dépression "depuis de nombreuses années". "Cela nous attriste au plus haut point de savoir que sa douleur s'est traduite par cet abominable acte de violence", écrit la famille dans un communiqué cité samedi par un journaliste de la radio NPR.
"La personne qui a commis cet horrible crime n'était pas le fils que nous connaissions et aimions", ajoute-t-elle, en présentant ses condoléances aux familles des victimes et en assurant qu'elle allait continuer à coopérer avec la justice.
- Son père surveillé -
Mohammad Youssuf Abdulazeez semblait avoir ouvert un blog qui ne contenait pas d'éléments montrant une radicalisation, ni de menaces. Il n'avait eu affaire à la police qu'une fois, lorsqu'il a été arrêté en avril pour conduite après consommation de drogue ou d'alcool et il devait passer devant le tribunal pour cette incartade le 30 juillet.
Diplômé en ingénierie de l'université du Tennessee à Chattanooga en 2012, il a aussi été embauché durant 10 jours en 2013 dans une centrale nucléaire de l'Ohio (nord) mais n'avait pas été gardé car il ne remplissait pas les conditions requises pour y travailler, selon l'exploitant de la centrale.
Si Mohammad Youssuf Abdulazeez n'avait pas été repéré par les autorités, son père, Youssuf S. Abdulazeez, né en Palestine, avait lui un temps fait l'objet d'une surveillance après avoir donné de l'argent à des associations apparentées au Hamas, groupe islamiste que les Etats-Unis classent parmi les organisations terroristes, selon le Washington Post.
Son père semblait aussi avoir des antécédents de violence et sa mère avait fait une demande de divorce en 2009, qu'elle a ensuite abandonnée, se plaignant d'être battue régulièrement par son mari.
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