Le Premier ministre grec a remanié vendredi soir son gouvernement en écartant les ministres opposés aux réformes exigées par les partenaires de la Grèce qui ont débloqué des fonds pour couvrir ses besoins financiers les plus pressants, en prélude aux négociations sur une aide massive de plus long terme.
Alexis Tsipras a évincé les trois ministres frondeurs qui avaient voté jeudi contre l'adoption de ce train de mesures controversées, tout en confortant à son poste Euclide Tsakalotos, son ministre des Finances, apprécié de ses homologues de la zone euro.
Parmi les sortants figurent le ministre de l'Energie et des Infrastructures Panagiotis Lafazanis et la ministre adjointe aux Finances Nadia Valavanis, qui avait présenté sa démission.
Le chef du gouvernement de gauche radicale avait vertement critiqué jeudi soir l'attitude des 32 députés dissidents de Syriza, estimant que le parti était sorti "meurtri" de cette fronde qui le rend désormais otage de l'opposition.
Le cabinet du Premier ministre a toutefois prévenu que la passation de pouvoir serait repoussée en raison des incendies de forêt qui se sont déclarés vendredi près d'Athènes et dans le sud du Péloponnèse.
Ce remaniement, le premier d'envergure depuis l'arrivée de Syriza au pouvoir il y a six mois, s'apparente à une reprise en main et a valeur de message adressé aux créanciers, qui continuent à douter de la volonté - et de la capacité - de l'exécutif grec de tenir ses engagements.
Il s'agit aussi pour M. Tsipras de présenter un exécutif rassemblé et en ordre de marche avant le vote au plus tard le 22 juillet du deuxième train de mesures demandées par les créanciers, qui concernent cette fois les banques et la justice civile.
- Feu vert du Bundestag -
Il intervient alors que les députés du Bundestag ont donné leur feu vert au lancement des négociations pour un troisième programme d'aide à la Grèce de plus de 80 milliards d'euros, répondant à la demande de la chancelière Angela Merkel d'éviter "le chaos".
Le Parlement autrichien, réuni lui aussi en session extraordinaire, a fait de même.
Ces derniers obstacle levés, le fonds européen MES, qui fournira à terme les nouveaux milliards à Athènes, a formellement approuvé "la décision de principe d'apporter un soutien à la Grèce sous forme d'un programme de crédits". Celle-ci avait été prise lundi à Bruxelles au terme de tractations dramatiques.
Reste maintenant à Athènes et ses partenaires européens à se mettre d'accord dans les semaines qui viennent - idéalement avant le 20 août, prochaine grosse échéance financière pour Athènes - sur les modalités de cette aide, ce qui ne sera pas une mince affaire avec des discussions qui s'annoncent tendues sur la dette.
Alors qu'en début de semaine le soulagement prévalait dans les capitales européennes d'avoir échappé au "Grexit", scénario redouté de sortie de la Grèce de l'euro, le scepticisme prévaut depuis.
Cette "dernière chance" accordée à la Grèce ne marchera que si "les Grecs mobilisent toutes leurs forces", a prévenu devant le Bundestag le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble.
- La dette, point d'achoppement -
Or en Grèce, Alexis Tsipras, qui n'a plus de majorité parlementaire, a redit qu'il était "en désaccord" avec de nombreux aspects du programme, qui implique de lourds sacrifices sous la forme d'une refonte du système des retraites ou de la hausse de la TVA, déjà mises sur les rails.
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