La justice a validé vendredi les arrêtés autorisant le début des travaux de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, un nouveau revers pour les opposants au projet, engagés depuis quinze ans dans un bras de fer judiciaire en plus d'une occupation sur le terrain.
"Par 14 jugements rendus le 17 juillet 2015, le tribunal administratif de Nantes rejette tous les recours qui lui ont été présentés lors de l'audience du 18 juin dernier et qui étaient dirigés contre les décisions prises par le préfet de Loire-Atlantique dans le cadre de la réalisation du projet d'aéroport du Grand Ouest Notre-Dame-des-Landes, déclaré d'utilité publique par décret du 9 février 2008", a annoncé le tribunal dans un communiqué.
Manuel Valls s'est aussitôt félicité de la décision, estimant que le projet d'aéroport "va pouvoir se poursuivre". Le Premier ministre "prend acte de cette décision qui doit entraîner la reprise des travaux", a-t-il fait savoir dans un communiqué.
Cette décision "confirme une nouvelle fois la validité de ce projet d'intérêt général. L'Etat de droit doit désormais être respecté", a souligné son prédécesseur à Matignon et ancien maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault, sur Twitter.
"Aucune procédure en cours ne peut désormais empêcher la réalisation de l?aéroport", a affirmé Jacques Auxiette, président socialiste de la région Pays de la Loire et du syndicat mixte aéroportuaire, regroupant une vingtaine de collectivités.
Les opposants au transfert de l'actuel aéroport de Nantes-Atlantique vers le bocage de Notre-Dame-des-Landes, à une vingtaine de kilomètres, ne cachaient pas leur "déception" après le rejet des 17 recours environnementaux déposés pour faire annuler cinq arrêtés préfectoraux, des jugements conformes aux conclusions du rapporteur public lors de l'audience, le 18 juin.
Quatre de ces arrêtés, pris en décembre 2013, donnaient le feu vert au concessionnaire du futur site de 1.650 hectares, Aéroports du Grand Ouest (AGO), filiale de Vinci, pour détruire les zones humides et près de 100 espèces protégées ou les déplacer, afin d'aménager et exploiter la plateforme aéroportuaire ainsi que la desserte routière de l'aéroport, mais avec des mesures de compensation écologique insuffisantes, selon les opposants.
- Appel de tous les requérants -
"On a l'impression que nos arguments n'ont pas été entendus. (?) La question de la compensation, qui était pourtant centrale, a été évacuée", a déclaré Thomas Dubreuil, avocat des deux principales associations d'opposants à l'origine des recours avec Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et des associations de protection de l'environnement.
L'ensemble des requérants ont confirmé qu'ils allaient faire appel devant la cour administrative d'appel de Nantes, dans le délai légal de deux mois.
"On avait de grands espoirs au niveau du volet environnemental, c'est pour ça qu'on va repartir sur une procédure en appel, encore plus motivés. Car si à Notre-Dame-des-Landes on bafoue les lois environnementales, que va devenir demain la planète ? Nous sommes à la veille de la COP21 (la conférence de l'Onu sur le climat, organisée à Paris en fin d'année, ndlr)", a rappelé Julien Durand, porte-parole de l'Acipa, l'une des associations historiques d'opposants.
Alors que les partisans du projet, élus de droite comme de gauche, la Chambre de commerce et d'industrie Pays de la Loire et plusieurs associations ont sommé le gouvernement de procéder à l'évacuation immédiate de la zone, EELV, pour qui la "bataille n'est pas finie", a estimé que toute tentative d'expulsion ou de lancement des travaux "serait une provocation".
Avant de commencer les travaux, "de nombreuses autorisations sont encore nécessaires pour le projet, qu'il s'agisse des autorisations de défrichement, de permis de construire, ou de l'autorisation de dérogation relative au campagnol amphibie", une autre espèce protégée qui n'a pas encore fait l'objet d'un arrêté préfectoral, a souligné Me Dubreuil.
La construction de l'aéroport, dont l'inauguration était initialement prévue en 2017, est suspendue depuis 2012 dans l'attente de l'épuisement des recours déposés par les opposants, ce qui inclut selon eux les procédures d'appel et devant le Conseil d'Etat.
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