Jean Lacouture, grande plume de la presse française et chroniqueur passionné de la vie des figures politiques du XXe siècle, est mort à l'âge de 94 ans, et sa disparition a suscité vendredi de nombreux hommages dans le monde intellectuel et politique, surtout à gauche.
Journaliste engagé, Jean Lacouture, qui a collaboré pendant une vingtaine d'années avec le quotidien Le Monde, est décédé jeudi après-midi chez lui, à Roussillon (Vaucluse), "dans la sérénité", a indiqué à l'AFP sa fille, Dominique Miollan-Lacouture. Une cérémonie sera organisée en septembre pour rendre hommage à l'écrivain.
Né le 9 juin 1921 à Bordeaux, Jean Lacouture a été un fervent partisan de la décolonisation, notamment en Algérie, avant de consacrer des biographies monumentales aux grands personnages du XXe siècle, qui l'ont propulsé au devant de la scène intellectuelle française. Blum, Nasser, Mauriac, Malraux, Hô Chi Minh, Mendès France, Champollion, de Gaulle (une somme en trois volumes) et François Mitterrand, mais aussi l'ethnographe Germaine Tillion, ont tour à tour été les sujets de ses récits passionnés.
Il faisait preuve d'une imposante capacité de travail et de synthèse, accumulant anecdotes et détails inconnus du public, dans lesquels il voulait voir la réalité du pouvoir politique et intellectuel.
Si certains lui ont reproché sa tendance à l'hagiographie, notamment une condamnation tardive du régime Khmer rouge, lui revendiquait le droit à des "biographies de proximité, d'amitié, de complicité", comme il l'expliquait lors d'un entretien avec l'AFP en 2010 dans sa coquette maison de Roussillon, avec vue sur les falaises d'ocre et le mont Ventoux.
En tant que journaliste, il a collaboré à Combat, France-Soir, au Nouvel Observateur, puis fut chef du service outre-mer et grand reporter au Monde (1957-1975).
- 'Une vie de journaliste heureux' -
"Il avait une allure de mousquetaire, un profil en lame de couteau, les sourcils fournis et les yeux plissés par un éternel sourire. Bluffant jusqu'aux plus brillants de ses collègues, c'est debout et en un quart d'heure que Jean Lacouture tapait à la machine l'éditorial de politique étrangère du Monde au début des années 1960", se souvient le grand quotidien du soir sur son site internet.
"Une vie de journaliste heureux", disait Jean Lacouture au sujet de cette carrière dans la presse, même si c'est bien "comme biographe" qu'il estimait "s'être le mieux réalisé".
L'annonce de sa disparition a suscité de nombreux hommages dans la sphère politique, principalement à gauche.
"Grand écrivain à la vie aussi riche que ses biographies, Jean Lacouture restera pour la gauche et la France une très grande conscience", a écrit le Premier ministre Manuel Valls sur Twitter au sujet de celui qui, en 2012, avait appelé à voter pour François Hollande.
"Jean Lacouture: une haute idée du journalisme à la frontière de l'histoire contemporaine", a souligné l'ex-ministre socialiste de la Culture Aurélie Filippetti.
Alain Rousset, président (PS) de la région Aquitaine, a également fait part de sa "profonde tristesse d'apprendre la disparition de (son) ami Jean Lacouture", avec qui il a cofondé le Festival international du Film d'Histoire de Pessac (Gironde).
A droite, Valérie Pécresse a fait part de sa "tristesse": "C'était un biographe hors pair qui nous faisait revivre de Gaulle, Malraux".
Ses éditeurs ont également rendu hommage sur Twitter à cet auteur prolifique: "Éminent biographe, il fut un grand témoin de l'Histoire du XXe siècle", a souligné Gallimard quand les éditions du Seuil se sont dites "tristes d'apprendre (sa) mort".
En bon enfant du sud-ouest, Jean Lacouture était un amoureux du rugby - sport sur lequel il écrit de belles pages pour Le Monde dans les années 70 et auquel il avait consacré en 1993 un ouvrage "Voyous et gentlemen, une histoire du rugby" - et de tauromachie.
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