Plusieurs dizaines de combattants islamistes shebab ont été tués dans un raid aérien et des tirs d'artillerie dans le sud de la Somalie, ont annoncé les autorités kényanes, confrontées ces derniers mois à une série d'attaques sanglantes des shebab sur leur sol.
Deux ministères kényans ont communiqué jeudi sur ces frappes nocturnes et en ont donné des bilans et des versions divergentes: le ministère de l'Intérieur a fait état de "plus de 30" combattants somaliens tués dans une attaque lancée par un "drone américain" tandis que le ministère de la Défense a évoqué une offensive de la force de l'Union africaine, l'Amisom, ayant fait "51 morts" parmi les shebab.
Les deux ministères s'accordent toutefois sur la cible de l'attaque: des positions shebab dans la région de Bardhere, une ville du sud-somalien encore tenue par ce groupe rallié à Al-Qaïda.
Le porte-parole du ministère de l'Intérieur avait dans un premier temps annoncé la mort dans ce raid du haut responsable shebab Mohamed Mohamud, présenté par Nairobi comme le principal organisateur du massacre de l'université de Garissa, qui avait fait 148 morts le 2 avril dans le nord-est du Kenya.
Mais il est revenu sur cette déclaration, se bornant à indiquer que "plusieurs organisateurs" d'une récente série d'attaques contre le Kenya étaient morts lors de cette frappe.
De son côté, le ministère de la Défense, qui a envoyé 3.000 hommes combattre au sein de l'Amisom aux côtés de soldats ougandais ou burundais, a évoqué la mort de commandants shebab "de niveau intermédiaire".
"Cinquante et un combattants shebab ont été tués, y compris plusieurs commandants de niveau intermédiaire, responsables d'attaques dans la région de Mandera", une ville du nord-est du Kenya frontalière de l'Ethiopie et de la Somalie et qui a été la cible de plusieurs attaques meurtrières ces derniers mois, selon le communiqué.
Les circonstances précises de cette offensive restaient encore confuses jeudi soir.
Selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Mwenda Njoka, l'attaque a été menée "par un drone américain". "Les forces kényanes ont l'habitude de transmettre des informations de terrain et du renseignement pour de telles frappes", a-t-il expliqué à l'AFP. Le ministère de la Défense a lui évoqué un "bombardement d'artillerie majeur" lancé par l'Amisom.
Les États-Unis ont lancé de nombreuses attaques de drones en Somalie ces dernières années contre les commandants islamistes, revendiquant notamment une frappe ayant coûté la vie au chef des shebab, Ahmed Abdi Godane, en septembre dernier.
Le raid survient une semaine avant une visite au Kenya du président américain Barack Obama, la première depuis son accession à la Maison blanche.
- Tirs de missiles -
L'attaque "s'est produite à deux heures du matin" jeudi dans les environs de Jungal et Bardhere, a précisé M. Njoka.
Des chefs locaux des environs de Bardhere, dans la région somalienne de Gedo, avaient rapporté plus tôt que deux missiles au moins avaient frappé des véhicules transportant des combattants islamistes.
"Nous avons entendu deux grosses explosions et, selon nos informations, des véhicules auraient été ciblés à proximité d'une base militaire shebab", a déclaré Abdiwahab Ali, chef d'un village proche du lieu de l'attaque.
"Les habitants du village nous disent qu'un missile tiré d'un avion a atteint un véhicule et un camp militaire des shebab", a ajouté un autre chef local, Hassan Gesle.
L'armée kényane est entrée en Somalie en octobre 2011 pour combattre les shebab qui ont en représailles multiplié les incursions sanglantes au Kenya.
Leur attaque la plus meurtrière a visé en avril l'Université de Garissa, dans l'est du pays, où 148 personnes - dont 142 étudiants - ont été froidement abattues.
En septembre 2013, 67 personnes avaient été tuées lors d'une attaque-commando dans le centre commercial Westgate, en plein centre de la capitale Nairobi.
Ces dernières années, les militants islamistes ont été chassés de la plupart de leurs bastions du centre et du sud somaliens, mais ils continuent de contrôler de vastes zones rurales et multiplient les opérations de guérilla contre les institutions somaliennes et l'Amisom.
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