Entre deux grandes arrivées au sommet, le Polonais Rafal Majka s'est adjugé mercredi à Cauterets la 11e étape du Tour de France dont le maillot jaune, le Britannique Chris Froome, est confronté ouvertement à la suspicion sur ses performances.
La ligne franchie, plus de cinq minutes après Majka lancé à l'offensive dès le Tourmalet, Froome a dû affronter des questions doutant de la "propreté" de son coup d'éclat de la veille sur les pentes de La Pierre-Saint-Martin.
"Ce sont des questions normales compte tenu de l'histoire du cyclisme mais elles s'assimilent parfois à un manque de respect. Que les gens viennent me voir travailler et ils comprendront", a estimé le porteur du maillot jaune en affirmant être prêt à se soumettre à des tests physiologiques après le Tour.
Le patron de l'équipe Sky, Dave Brailsford, a cherché lui aussi à désamorcer les polémiques. Il s'est déclaré favorable à la mise en place d'un passeport individuel lié à la puissance développé par chaque coureur, afin de lever la suspicion sur les performances: "On arrive peut-être à un moment où c'est nécessaire."
Pendant la retransmission télévisée de l'étape, Cédric Vasseur, ex-maillot jaune du Tour de France et désormais consultant pour France Télévisions, avait regretté pour sa part l'absence de contrôles techniques des vélos à La Pierre-Saint-Martin.
- L'ombre du dopage mécanique -
"On a l'impression (pour Froome) que le vélo pédale tout seul", avait déclaré l'ancien coureur en faisant resurgir l'ombre du dopage mécanique.
A propos de l'ascension de La Pierre-Saint-Martin qui a tant pesé sur ce Tour 2015, Brailsford a préféré souligner la contre-performance des adversaires de Froome: "La surprise, c'est peut-être le résultat des autres qui n'étaient pas au niveau attendu. On n'a pas vu le vrai Contador, ni le vrai Nibali. Quintana était bien mais peut-être pas aussi brillant que ce qu'on a pu voir."
Entre Pau et Cauterets, tous ont observé en tout cas une paix armée suite à un début d'étape ultra-rapide. La perspective de l'étape menant jeudi au Plateau de Beille, la plus dure du triptyque pyrénéen, a refroidi leurs ardeurs durant cette journée surchauffée.
Seul le champion d'Italie Vincenzo Nibali a mis à contribution ses équipiers pour hausser le rythme sur les premières pentes du Tourmalet. Mais, pour finir, le vainqueur sortant du Tour a été distancé dans la montée vers Cauterets et a perdu de nouveau du temps (50 sec sur Froome).
Alberto Contador, lui, est resté dans le sillage de Froome, lui-même protégé par deux coéquipiers (Porte, Thomas) dans le groupe d'une vingtaine de coureurs qui n'a pas réellement cherché à se départager.
L'Espagnol a laissé le haut de l'affiche à Majka, son coéquipier. Comme l'an passé, quand l'équipe Tinkoff avait modifié ses plans après l'abandon sur chute du "Pistolero".
- Un podium 2014 en difficulté -
Cette fois, Contador est toujours dans la course mais ses chances de réussir le doublé Giro-Tour ont fondu sur le goudron de La Pierre-Saint-Martin dès la première étape pyrénéenne. Majka, distancé au classement général, a pris la relève et a bénéficié de la mansuétude de l'équipe de Froome.
Le meilleur grimpeur du Tour 2014 a enlevé son troisième succès d'étape dans le Tour, après ses succès à Risoul et Saint-Lary-Soulan l'année passée.
Majka, âgé de 25 ans, a bâti son succès dans le Tourmalet, le col le plus souvent escaladé dans l'histoire du Tour, en attaquant à 48 kilomètres de l'arrivée.
"Je connaissais le Tourmalet depuis l'an dernier, je ne pouvais pas attendre la dernière côte qui n'était pas assez dure pour faire la sélection", a expliqué le Polonais en dédiant sa victoire à son coéquipier italien Ivan Basso, qui a quitté le Tour pour être opéré (avec succès) mercredi d'un cancer des testicules.
Pour le podium de l'année passée (Nibali, Péraud, Pinot), la journée a été une nouvelle fois très difficile. Jean-Christophe Péraud, qui a souffert de la chaleur, a accusé plus de 20 minutes de retard. Tout comme Thibaut Pinot, en plein doute.
"Je suis très loin de mon niveau et je n'ai pas d'explications", a reconnu le Franc-Comtois, qui va se soumettre à un bilan sanguin pour détecter d'éventuelle carences.
Romain Bardet, malade, est aussi à la traîne. De l'ordre de 13 minutes de retard pour l'autre grand espoir français, sixième du Tour 2014 et durement éprouvé, à l'image de son équipe AG2R La Mondiale. Sur la route de Cauterets, la formation de Vincent Lavenu a perdu deux de ses hommes (Gastauer, Vansummeren).
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