Les Européens cherchaient mardi une solution aux besoins de financement urgents de la Grèce, à cours de liquidités, étudiant diverses options toutes jugées très compliquées à mettre en oeuvre, d'autant que certains pays semblent peu enclins à payer.
Au lendemain de l'accord âprement négocié avec Athènes afin d'entamer des tractations sur un troisième plan d'aide internationale, le temps presse: la Grèce, déjà en défaut de paiement vis-à-vis du FMI, fait face à plusieurs engagements, dont un remboursement de 4,2 milliards d'euros le 20 juillet à la Banque centrale européenne.
"Nous devons trouver une solution cette semaine pour éviter une situation dramatique lundi", a mis en garde mardi le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schaüble.
Différentes options sont à présent sur la table pour financer les besoins du pays à court terme, mais toutes sont "difficiles à mettre en oeuvre sur le plan légal comme politique", a affirmé mardi Valdis Dombrovskis, le vice-président de la Commission européenne en charge de l'Euro.
"Je confirme que plusieurs Etats, non membres de la zone euro, ont fait part de leurs préoccupations. Nous devons prendre ça en compte", a-t-il souligné, à l'issue d'une réunion des ministres européens des Finances à Bruxelles.
Ainsi le Britannique George Osborne s'oppose à ce que les Européens puisent dans un fonds communautaire déjà existant pour aider la Grèce. "La zone euro doit régler ses propres factures", a-t-il lancé.
"La Grande-Bretagne n'est pas dans l'euro, l'idée donc que les contribuables britanniques soient appelés à contribuer à cet accord grec est complètement vouée à l'échec", a-t-il rappelé.
Une des options est en effet la réactivation du FESM, un fonds de la Commission européenne disposant d'une capacité d'environ 13 milliards d'euros. Une décision à la majorité qualifiée serait nécessaire pour utiliser ce fonds, qui est de la responsabilité des 28 Etats membres.
Outre la Grande-Bretagne, "la Suède et le Danemark ont émis des réserves sur l'utilisation du fonds", a indiqué l'Espagnol Luis de Guindos. L'Allemagne est elle aussi très réticente.
L'option la plus régulièrement mise en avant est le recours aux intérêts réalisés par le programme "SMP" (Securities Market Program) de la BCE, qui s'élèvent à quelque 3,2 milliards d'euros pour 2014 et 2015. Le programme SMP a vu la BCE racheter à partir de mai 2010 des titres grecs. En 2012, la BCE a décidé d'échanger ses obligations grecques contre de nouvelles, moyennant une décote, ce qui lui a permis de réaliser des plus-values.
"Très clairement, les intérêts sur le programme SMP et le recours au fonds sont les options les plus faisables", estime une source proche des discussions, pour qui il pourrait ne pas y avoir de nouvelles conditions imposées à Athènes, en plus de celles décidées pour le troisième plan d'aide.
- Aller vite -
"Nous examinons tous les instruments et les fonds que nous pourrions utiliser, mais tous semblent avoir des désavantages, des impossibilités ou des objections juridiques", a confirmé Jeroen Dijsselbloem, le patron de l'Eurogroupe.
Les ministres des Finances de la zone euro devraient organiser une conférence téléphonique mercredi à ce sujet, avec l'idée d'aller vite car les besoins de la Grèce sont estimés à 12 milliards d'euros d'ici à la mi-août.
Or les négociations sur un troisième plan d'aide ne commenceront qu'une fois l'accord conclu lundi validé par le Parlement grec et plusieurs parlements nationaux. Elles ne devraient donc pas débuter avant la fin de la semaine et prendre au moins un mois.
Ces négociations seront "extrêmement difficiles", a averti mardi Wolfgang Schaüble, parlant d'une "marge de manoeuvre très étroite".
Parmi les autres options pour le financement d'urgence figure la possibilité d'allonger les maturités de remboursement de la Grèce auprès du FMI et de la BCE "pour quelques semaines", a suggéré le Finlandais Alexander Stubb.
Enfin, Wolfgang Schäuble avait proposé lundi que la Grèce mette en place des IOU, sorte de monnaie temporaire, pour payer les salaires et les fonctionnaires, et garder les euros afin de rembourser en partie la BCE, a indiqué une source gouvernementale. Cette option est controversée car vue comme un premier pas vers une sortie de la Grèce, même temporaire, de la zone euro.
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