"Je me réveille après une bonne nuit pour apprendre que le sommet continue. Toute ma sympathie aux participants": ironique, le ministre finlandais des Finances Alexander Stubb, un faucon anti-Grecs, brocardait lundi matin une nuit blanche de négociations à Bruxelles.
Quarante-cinq minutes après, au bout d'un interminable marathon, l'Europe et Athènes arrachaient un accord pour maintenir la Grèce dans la zone euro.
Le drame, au petit matin, s'est joué à quatre, alors qu'enfermés à huis clos, Angela Merkel, la chancelière allemande, François Hollande, le président français, et Donald Tusk, le président du Conseil européen, tentaient de faire plier Alexis Tsipras, le Premier ministre grec.
- "pistolet sur la tempe" -
Et pourtant, il s'en est fallu de peu, à en croire un diplomate qui a suivi minute par minute tous les rebondissements: "A 06H00, la France et l'Allemagne avaient abandonné. La nuit allait s'achever sans accord".
C'est alors que Donald Tusk, le chef d'orchestre de cette nuit éprouvante, brandit un ultimatum à la face des dirigeants français et allemand: "Trouvez un accord avec Alexis Tsipras, vous n'avez tout simplement pas le choix".
"Nous ne quitterons pas cette salle tant que nous n'aurons pas d'accord", aurait-il dit alors, la pression grandissant à l'approche de l'ouverture des marchés en Europe.
"Avec un pistolet sur la tempe, toi aussi tu serais d'accord", lâchait, désabusé, épuisé, un responsable grec, au milieu de la nuit, commentant le projet d'accord qui impose à la Grèce des conditions draconiennes en échange d'une aide financière.
Depuis samedi, au cours de ce week-end d'une intensité rare, la zone euro s'est déchirée sur l'avenir de la Grèce, certains préférant en finir en expulsant le pays plutôt qu'en le renflouant une nouvelle fois.
"Ne me prends pas pour un imbécile!": l'invective a fusé de la bouche de l'homme de fer de la zone euro, l'Allemand Wolfgang Schäuble, adressée au patron de la BCE, Mario Draghi, dont l'institution tient à bout de bras les banques grecques et l'économie du pays.
"A un moment donné, les choses ont été dites avec un rare degré d'intensité, de vérité", confirme un responsable européen. "L'attitude de Schäuble a été indescriptible", accuse une source grecque.
- 'Problèmes stratosphériques' -
Au départ, la réunion samedi de l'Eurogroupe devait être l'occasion pour les ministres des Finances de la zone euro de donner leur avis sur les propositions de réformes de la Grèce, mises sur la table pour obtenir un troisième plan d'aide et éviter une sortie de l'euro, le fameux "Grexit".
Ces propositions avaient déjà été approuvées par la Commission européenne, la BCE et le FMI, les "institutions" qui gardent un oeil sur Athènes.
Mais après des mois de négociations acrimonieuses et de coups de théâtre, dont le référendum du 5 juillet en Grèce, les faucons de la zone euro n'y croient plus, évoquant en boucle un "manque de confiance" envers leur partenaire grec.
"Ils ont cuisiné un gâteau, on doit maintenant voir s'il est comestible", lançe le très sceptique Slovaque Peter Kazimir.
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