"Il va rester ici, je vous le laisse, prenez-en soin". Dans la baie de Matavai, en Polynésie française, Caroline Bourgnon regarde dériver les colliers de fleurs jetés à la mer en hommage à son mari, le navigateur Laurent Bourgnon, disparu le 24 juin lors d'une plongée dans un atoll des Tuamotu.
Une quinzaine de voiliers, pirogues et hors-bord forment dimanche un cercle au milieu de cette baie aux eaux calmes bercées par les alizés qui a vu s'ancrer le navire de James Cook, quelques siècles plus tôt.
La communauté de la voile de Tahiti se recueille deux jours après l'hommage rendu à Raiatea, haut lieu de la navigation dans l'archipel des Iles-Sous-Le-Vent où il avait vécu cinq ans avec sa famille avant de venir s'installer à Tahiti l'an dernier.
"C'était un gars très simple et un ami tout simplement", raconte Thierry Hars, président de la fédération tahitienne de voile, qui se dit marqué par "l'humilité" de ce navigateur au riche palmarès dont deux victoires à la Route du Rhum (1994 et 1998).
Le voilier de son premier tour du monde, celui fait adolescent avec ses parents et son frère cadet Yvan, était des navires présents à l'hommage. Pour François Rigaud, professeur à la retraite et acheteur en 1982 du Peemorpen rebaptisé Captain Rhum, "il faut retenir sa gentillesse, Laurent était toujours prêt à aider les autres".
Le sportif franco-suisse n'était pas avare de conseils et passait du temps au Yacht Club où son fils Basile (13 ans) pratiquait le Hobby Cat (petit catamaran). Il avait aussi sponsorisé et accompagné la Saga, initiative envers les enfants défavorisés ou handicapés leur permettant de faire de la voile durant l'été.
- "On le garde" -
"Il y a des gens qui viennent ici pour prendre, lui il donnait. Et on nous l'a pris", soupire Stéphanie Betz, co-organisatrice de la Tahiti Pearl Regatta, dont "Laurent était le parrain depuis deux ans, partageant son nom et sa renommée".
Laurent Bourgnon, 49 ans, a disparu lors d'une plongée près de Toau, un atoll proche de Fakarava. Les recherches sont restées vaines et l?hypothèse la plus probable est qu'il ait été emporté vers le fond par un courant sortant dans une passe.
"Laurent est dans son élément, malheureusement et heureusement, c'est là où il est le mieux", lâche Thierry Hars. "On le garde, on va s'en occuper", ajoute le responsable la voix nouée, "de toutes manières, il est partout où il y a la mer".
Caroline Bourgnon va rentrer dans l'Hexagone vendredi, où sont ses quatre enfants, Jules (22 ans), Justine (18 ans), Basile et Lou (10 ans) "pour avancer ensemble".
"C'est trop dur, on avait encore plein de projets, plein de choses à vivre: on devait s'installer en Nouvelle-Zélande en septembre et continuer notre tour du monde puis aller en Asie", confie la jeune femme. "Evidemment les projets changent. Je ne me sens pas de rester ici. Je pense qu'on reviendra un jour, qu'on ira à Toau mais pour l'instant on a besoin d'être en famille, de se retrouver et d'aller voir les parents de Laurent".
Après les cérémonies dans ses îles d'adoption, un hommage sera organisé le 25 juillet sur la plage d'Agon-Coutainville (Manche), le village de Normandie de Caroline où le couple s'était rencontré.
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