Les dirigeants de la zone euro s'affrontaient dimanche à Bruxelles pour décider du sort de la Grèce: aller vers un nouveau plan d'aide et arrimer le pays dans l'euro, ou le laisser dériver hors de la monnaie unique.
"Je me battrai jusqu'à la dernière milliseconde pour avoir un accord" () je suis dans un esprit combatif", a lancé à son arrivée au sommet le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, très impliqué dans ces négociations de la dernière chance.
Mais la réunion des 19 chefs d'Etat et de gouvernement a pris d'entrée l'allure d'un pugilat au plus haut niveau, l'Allemagne, inflexible, et la France, qui prône une ligne plus souple, affichant leur profonde fracture autour du maintien ou non de la Grèce dans l'euro.
La France "va tout faire" pour garder la Grèce dans la zone euro, a assuré le président François Hollande, affirmant aussi que "l'enjeu, c'est de savoir si la Grèce sera demain dans la zone euro et l'enjeu c'est l'Europe".
Pour la chancelière allemande Angela Merkel, au contraire, il n'est pas question d'un accord "à n'importe quel prix".
"La valeur la plus importante, à savoir la confiance et la fiabilité, a été perdue" avec Athènes, a ajouté Angela Merkel, promettant des "négociations ardues".
- Climat délétère -
Avant ce sommet, les clivages entre Européens, tout comme le fossé qui sépare la Grèce du reste de ses partenaires, ont fait piétiner pendant deux jours une réunion marathon des ministres des Finances de la zone euro.
Après 14 heures de discussions laborieuses, ceux-ci ont finalement élaboré une première feuille de route avant de passer le relais aux chefs d'Etat.
L'enjeu étant de parvenir à un accord sur un nouveau plan d'aide à la Grèce, le troisième depuis 2010, pour un montant d'au moins 74 milliards d'euros sur trois ans, en échange de la mise en oeuvre par le gouvernement d'Alexis Tsipras d'un plan de réformes très impopulaires, incluant une hausse de la TVA, une réforme des retraites et des privatisations.
"Beaucoup de progrès ont été faits", a assuré dans un tweet le ministre des Finances finlandais, Alexander Stubb, à l'issue de l'Eurogroupe.
Il reste un certain nombre de questions ouvertes, environ 5 à 10 "entre parenthèses", sur lesquelles les dirigeants vont devoir trancher, a précisé à l'AFP une source proche des négociations.
Parmi les nouveaux engagements réclamés à Athènes, figure le vote "d'ici le 15 juillet" par le Parlement grec d'un premier volet des mesures promises.
Le gouvernement grec de gauche radicale devra aussi accepter "de dures conditions" en ce qui concerne "la réforme du marché du travail et du système de retraites, la taxation et la TVA", a ajouté le ministre finlandais.
Après six mois de négociations tumultueuses, cette échéance de dimanche était présentée comme l'ultime chance de sauver la Grèce de l'effondrement financier.
Mais dans un climat délétère et de confiance brisée entre Athènes et le reste des Européens, il était difficile d'imaginer, comme l'assurait le Premier ministre grec Alexis Tsipras, qu'un accord était à portée de main dès ce dimanche "si toutes les parties le veulent".
Les pays les plus durs, l'Allemagne en tête, qui doutent de la sincérité d'Athènes et pour qui l'éjection de la Grèce de la zone euro n'est plus du tout tabou, avaient multiplié depuis samedi les demandes, exigeant chaque fois plus du gouvernement Tsipras.
Une fois de plus, la chancelière allemande aura la clé: si l'Europe ne s'entend pas, la Grèce, exsangue, qui ne tient plus que grâce aux aides d'urgence de la Banque centrale européenne, pourrait rapidement dériver hors de l'euro, une situation inédite aux répercussions économiques et politiques inconnues.
"Aujourd'hui est le jour le plus important du mandat d'Angela Merkel. Ce n'est pas moins que l'avenir de l'Union européenne qui est en jeu", a commenté le quotidien allemand Der Spiegel.
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