"La Légion, c'est l'une des meilleures forces armées du monde. Une légende. C'est une école pour la vie" Comme Gidey, Ethiopien de 24 ans, ils sont des milliers du monde entier à venir frapper chaque année à la porte de cette "force combattante au service de la France".
A leur arrivée à la grille du Fort de Nogent, près de Paris, qui abrite un des deux centres de sélection de la Légion étrangère, les candidats ont souvent des regards de bêtes traquées.
Pendant une semaine, ils vont passer une première série de tests physiques et psychologiques avec l'espoir d'intégrer cette unité engagée dans toutes les grandes opérations extérieures de la France et qui sera comme chaque année une des vedettes du défilé militaire du 14 juillet sur les Champs-Elysées.
"Nous sommes exigeants", concède le lieutenant-colonel François-Xavier Petiteau, chef du Groupement de recrutement de la Légion. "Nous n'en acceptons qu'un sur huit. Rentrer à la Légion, ça se mérite". Au mur de son bureau un portrait de légionnaire, regard d'acier, gueule d'amour et cheich autour du cou.
"Le clandestin sans papiers, la loi nous autorise à le prendre", explique l'officier. "On est quand même prudents: Il faut qu'on puisse l'identifier, puis il y a toute une série de vérifications".
Le mythe du criminel recherché qui vient se cacher sous le képi blanc a la vie dure. Cela a pu être vrai, il y a longtemps. Aujourd'hui les crimes de sang, les crimes sexuels, l'implication dans le trafic de drogue sont éliminatoires.
"Ensuite, pour ce qui est des délits, faut voir", sourit l'officier. "Le type qui braque l'arme à la main, on n'aime pas trop. Mais on a eu longtemps des perceurs de coffre, c'était bien pratique".
Spécialisée dans les accidentés de la vie, les hommes en rupture entre 17 ans et demi et 40 ans, à la recherche d'une rédemption, d'une deuxième chance ou d'une vie rêvée d'aventure, la Légion va éplucher la vie des postulants.
C'est l'affaire de la Division statistique et protection de la Légion étrangère (DSPLE). Grâce à leurs contacts, les enquêteurs fouillent le passé des candidats.
"Ils trouvent toujours, ou presque. Ils savent à qui s'adresser. Ca peut prendre du temps", ajoute le lieutenant-colonel Petiteau. "Parfois ils nous disent : +Celui-là, dehors+. Ne disent pas pourquoi, on ne pose pas de question+".
Les candidats, "on les écoute, ils nous racontent leur vie, depuis leur naissance", explique un adjudant. "Il faut que ça colle. On leur demande ce qu'ils viennent chercher chez nous, on les observe".
Pour Adrian, un Brésilien de 31 ans, c'est "vivre en France, la Légion. C'est un rêve, je vais m'y donner corps et âme".
- Nationalité française après 5 ans -
Après une première sélection, les apprentis légionnaires sont envoyés au quartier général de la Légion à Aubagne, dans les Bouches-du-Rhône, pour d'autres tests, puis au centre de formation de Castelnaudary, dans l'Aude.
Seize semaines d'entraînement sont ensuite prévus, avec le risque de se voir finalement refusé. Il faut en effet démontrer ses aptitudes physiques et mentales, explique le commandant François Hervé-Bazin, chargé de communication auprès de la Légion.
Cela commence par un stage de quatre semaines dans une "ferme" isolée où les recrues doivent apprendre à faire corps avec leurs camarades, en français, langue qu'ils ne maîtrisent pas pour la plupart d'entre eux.
"En 16 semaines, ils doivent connaître 500 mots de français", explique le lieutenant Clément Dutoit, instructeur en chef.
"Ils sont mis dans un système qui fait qu'on va casser tout de la vie antérieure, casser toutes les différences de nationalités", précise le commandant Hervé-Bazin.
Après un mois d'efforts, les recrues reçoivent un képi blanc. C'est "la marque d'une élite et le drapeau français devient votre drapeau", résume devant de nouveaux légionnaires au garde-à-vous le général Philippe Chalmel, inspecteur de l'armée de Terre.
Ce corps d'armée compte 6.800 hommes, mais pas une femme. "Fusionner et faire l'amalgame entre nationalités, c'est déjà très compliqué", souligne le commandant Hervé-Bazin sans finir sa phrase.
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