Un kamikaze déguisé en femme s'est fait exploser samedi sur le marché central de N'Djamena, faisant au moins 14 morts, la deuxième attaque d'envergure frappant en moins d'un mois la capitale du Tchad, pays en pointe dans la lutte contre les islamistes nigérians de Boko Haram.
Le "bilan provisoire" est de 14 morts et 74 blessés. Neuf femmes commerçantes et cinq hommes ont été tués, dont un gendarme tchadien, a affirmé à l'AFP le porte-parole de la police nationale, Paul Manga. Le kamikaze a également péri dans l'explosion.
L'attaque n'avait pas été revendiquée à la mi-journée mais pour une source policière interrogée par l'AFP, "pas de doute, il s'agit de Boko Haram".
Le groupe avait revendiqué une double-attaque ayant fait 38 morts mi-juin à N'Djamena et une opération de police dans le cadre de l'enquête s'était soldée fin juin, toujours dans la capitale tchadienne, par la mort de cinq membres présumés de Boko Haram, cinq policiers et un de leurs informateurs.
Samedi, c'est un homme habillé en femme, le visage dissimulé par un voile intégral, qui "a voulu infiltrer le marché () Il a été intercepté par les gendarmes, qui lui ont demandé de se démasquer () C'est à ce moment qu'il a déclenché sa ceinture (d'explosifs)", a décrit le porte-parole de la police.
La tête voilée de l'auteur présumé de l'attentat, arrachée par l'explosion, a été retrouvée près du lieu de l'attentat, et montrée à des journalistes présents sur place.
Invoquant des mesures de sécurité après la double attaque de juin, les autorités tchadiennes avaient dans la foulée totalement interdit le port du voile intégral (niqab, ne laissant apparaître que les yeux) dans ce pays majoritairement musulman. Elles avaient en représailles bombardé des positions de Boko Haram au Nigeria à plusieurs reprises.
A proximité immédiate du lieu de l'attentat, des morceaux de chair humaine étaient éparpillés au milieu de flaques de sang.
Aussitôt après l'attaque, commerçants et badauds ont fui le marché - désormais désert - en laissant sur place leurs marchandise dans un mouvement de panique.
"Tout le monde est très choqué", a confié un responsable policier, d'autant que "nous sommes en pleine période de ramadan".
Le quartier du marché central, situé au coeur de la capitale, a été entièrement bouclé par les forces de sécurité tchadiennes et selon des sources sécuritaires, le Premier ministre Kalzeube Pahimi Deubet a convoqué en urgence un Conseil de sécurité.
- Nouvel attentat à Maiduguri -
L'armée tchadienne est en première ligne dans l'opération militaire régionale contre les insurgés de Boko Haram, qui ont multiplié les attentats-suicide ces dernières semaines dans le nord-est du Nigeria, comme samedi matin à Maiduguri (nord-est) où deux kamikazes ont fait deux morts en visant une gare routière bondée
Ils ont percuté un bus de 18 places qui sortait tout juste du terminal routier, avec des passagers à bord, faisant deux morts.
Les deux attaques de samedi soulignent une nouvelle fois la capacité de nuisance du groupe islamiste nigérian, malgré les succès militaires revendiqués ces derniers mois par l'opération régionale à laquelle participent le Nigeria et ses voisins tchadiens, nigériens et camerounais.
Le président nigérian Muhammadu Buhari, au pouvoir depuis le 29 mai, a fait de la lutte contre Boko Haram une priorité, mais selon des experts, aucune solution efficace ne pourra être trouvée sans l'implication réelle du Nigeria et de ses voisins.
"Il y a peu de chances que la lutte contre Boko Haram trouve son terme rapidement", a affirmé à l'AFP Ryan Cummings, analyste chez Red24.
"Boko Haram reste perçu comme un problème nigérian, mais l'évidence montre que la menace a pris des proportions régionales qui réclament une solution régionale", selon M. Cummings.
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