Le parlement grec a donné samedi son feu vert au gouvernement d'Alexis Tsipras pour négocier un nouveau plan d'aide sur la base de propositions "loin" de ses promesses de campagne, mais bien accueillies par les créanciers.
Le Parlement a largement approuvé, par 251 voix pour (sur un total de 300) cette proposition, qui reprend dans les grandes lignes ce que souhaitaient les créanciers et a fait renaître l'espoir qu'un accord puisse être conclu pour permettre le maintien du pays dans la zone euro.
Vendredi dans la soirée, une source européenne avait révélé que les trois institutions créancières (UE, BCE, FMI) jugeaient la proposition d'Athènes "positive", et constituant "une base de négociation" en vue d'un troisième plan d'aide au pays d'un montant de 74 milliards d'euros.
Exactement au même moment, le Premier ministre grec Alexis Tsipras était devant le Parlement, appelant les députés de tous bords à un vote de "haute responsabilité" et à l'autoriser à négocier ce plan, en reconnaissant que le gouvernement avait fait "des erreurs", que le plan était "très éloigné" des promesses de Syriza, mais qu'il était finalement le meilleur possible.
Les concessions du gouvernement ont d'ailleurs provoqué plusieurs défections dans les rangs de la gauche radicale puisque huit députés Syriza se sont abstenus, deux ont voté contre et sept étaient absents lors du vote, dont l'ex-ministre des Finances Yanis Varoufakis.
Cette marque de défiance fissure la majorité parlementaire pour les votes à venir et pourrait entraîner des changements au sein du gouvernement, selon les commentateurs. L'opposition socialiste et conservatrice a largement soutenu le texte.
La proposition sera examinée samedi par les ministres des Finances de la zone euro, l'Eurogroupe, avant de déboucher dans le meilleur des cas sur "un accord politique", avant un sommet extraordinaire des 28, dimanche, qui pourrait relancer officiellement les négociations.
Il s'agira d'étudier le document publié dans la nuit de jeudi à vendredi, et dans lequel, moins d'une semaine après avoir fait voter non à 61% par la population sur un texte très proche, Athènes s'engage à adopter une grande partie des mesures proposées par les créanciers.
Les propositions d'Athènes paraissent en effet désormais toutes proches des v?ux de ceux-ci, sur la plupart des sujets qui fâchent : retraites, TVA, privatisations, taxe sur les sociétés
Vendredi, les marchés financiers avaient anticipé les nouveaux développements, avec un raffermissement de l'euro, une hausse des bourses européennes et une nette détente des taux d'emprunt des pays du sud de l'Europe.
- 'Syriza soutient le capitalisme' -
A la tête du camp des conciliants, le président français François Hollande avait jugé les propositions d'Athènes "sérieuses" et "crédibles".
Alors que de nombreuses rumeurs font état d'un soutien actif de la France, très engagée en faveur d'un compromis, dans la préparation des mesures, le Premier ministre Manuel Valls avait jugé pour sa part "équilibrée et positive" la position des Grecs.
Le gouvernement allemand avait refusé au contraire de donner son opinion, indiquant "ne pas pouvoir juger du contenu" des propositions à ce stade, et "attendre que les institutions communiquent leur avis", avant l'Eurogroupe.
Mais certains Grecs ayant voté non dimanche faisaient part de leur mécontentement.
Sept à huit mille personnes ont ainsi manifesté vendredi soir à Athènes à l'appel du PAME, syndicat communiste, et de partis de gauche. "Syriza soutient le capitalisme", affirmait une banderole. "Si les Grecs ont voté aussi massivement pour le non c'est parce qu'ils voulaient mettre fin à la rigueur. Le gouvernement n'en tient pas compte", déplorait Evgenia Roussos, une étudiante proche du parti Antarsya ("Mutinerie").
"Il y avait beaucoup de oui dans le non et beaucoup de non dans le oui" au référendum, expliquait, philosophe et résigné, Grigoris Manthoulis, un commerçant dont l'activité est au ralenti depuis la fermeture des banques et l'instauration d'un contrôle des capitaux, le 29 juin.
Cette mesure est prévue pour durer jusqu'à lundi mais le vice-ministre des Finances Dimitris Mardas a laissé entendre vendredi qu'elle pourrait encore se prolonger, avec des aménagements.
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