La Bosnie marque samedi le 20e anniversaire du massacre de quelque 8.000 hommes et garçons musulmans à Srebrenica, une tuerie qualifiée de génocide par la justice internationale mais qui donne toujours lieu en dépit de ce verdict à des débats controversés.
Les cercueils de 136 victimes identifiées du massacre de juillet 1995 seront enterrés à cette occasion au cimetière mémorial. Environ 50.000 personnes, dont des proches des victimes et des survivants, sont attendues à Srebrenica.
A ce jour, 6.241 victimes retrouvées et identifiées ont été enterrées au mémorial de Srebrenica, en Bosnie orientale, et 230 autres dans d'autres cimetières.
Il y a vingt ans, en juillet 1995, alors que la région était déclarée "zone protégée" par l'ONU, quelque 8.000 hommes et garçons musulmans ont été tués à Srebrenica par les forces serbes bosniennes, la pire tuerie en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
La guerre intercommunautaire de Bosnie (1992-95) a fait 100.000 morts et environ 2 millions de réfugiés, soit près de la moitié de la population à l'époque.
Un jour de deuil national sera observé samedi sur tout le territoire de la Bosnie, qui a été divisée après le conflit en deux entités, l'une serbe, la Republika srpska (RS), et l'autre croato-musulmane, reliées par de faibles institutions centrales.
Nombre de responsables internationaux, parmi lesquels le président des Etats-Unis à l'époque Bill Clinton - dont l'administration a été l'architecte des accords de paix de Dayton qui ont mis fin au conflit bosnien -, seront présents à Srebrenica. M. Clinton avait également fait le déplacement pour le 10e anniversaire du massacre.
- En présence du Premier ministre serbe -
Le président serbe à l'époque, le pro-européen Boris Tadic était lui aussi présent en 2005, de même qu'en 2010 à l'occasion du 15e anniversaire de la tuerie.
En 2010, le Parlement serbe avait adopté une déclaration sur Srebrenica sans employer le mot "génocide". En 2013, l'actuel président Tomislav Nikolic avait demandé "à genoux que la Serbie soit pardonnée pour le crime commis à Srebrenica", toujours sans prononcer le mot.
La Serbie, qui refuse obstinément d'accepter qu'un génocide a été commis à Srebrenica, sera représentée samedi par son Premier ministre Aleksandar Vucic, un ancien faucon ultranationaliste devenu pro-européen convaincu.
Le sujet anime toujours les débats sur la scène politique internationale et reste une question qui empoisonne les relations entre la Serbie et la Bosnie.
Mercredi, la Russie a opposé son veto à un projet de résolution de l'ONU sur Srebrenica, une décision dont Belgrade s'est félicité et que les familles des victimes ont déplorée, estimant qu'elle "rendait la réconciliation impossible". Le président de la RS Milorad Dodik, qui encore récemment qualifié le génocide Srebrenica de "mensonge", a remercié la Russie qui a "empêché l'adoption d'une résolution qui aurait compliqué la situation (en Bosnie, ndlr) et approfondi les divisions".
Vingt ans après le massacre de Srebrenica, la Bosnie, un des pays les plus pauvres d'Europe, est figée dans ses divisions et reste à la traîne des candidats à l'adhésion à l'Union européenne.
Après une période d'ébauche de construction d'un État viable - au forceps et sous la pression de la communauté internationale -, sur les ruines d'un conflit meurtrier, la Bosnie n'a pas trouvé de formule pour rassembler son peuple.
Musulmans (40%), Serbes (30%, chrétiens orthodoxes) et Croates (10%, chrétiens catholiques), principales communautés de ce pays de 3,8 millions d'habitants, se regardent toujours en chiens de faïence.
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