Le Pape François a défendu vendredi la "réinsertion dans la société" en visitant la prison de Palmasola, la plus surpeuplée et violente de Bolivie, avant-dernière étape de son voyage en Amérique latine, marqué par un message de justice sociale.
Le souverain pontife de 78 ans, premier pape jésuite et latino-américain de l'Histoire, avait demandé spécifiquement à visiter ce centre pénitentiaire, tristement célèbre en Amérique du Sud par sa dangerosité.
Se dépouillant de ses attributs de pontife face aux détenus, le pape a avoué humblement que "celui qui se tient devant vous est un homme pardonné", "un homme qui a été sauvé de ses nombreux péchés".
"Je n'ai pas grand chose de plus à vous donner, ou à vous offrir, mais ce que j'ai et ce que j'aime, cela, oui, je veux vous le donner, le partager : Jésus-Christ, la miséricorde du Père," a-t-il expliqué avec les mots simples et directs dont il est coutumier.
Depuis la salle réservée aux hommes "PS4", dans laquelle environ 2.800 prisonniers peuvent recevoir les visites de leurs familles, selon un régime spécial de détention dirigé par les détenus eux-mêmes, le pape argentin a relevé que "la réclusion n'est pas le même chose que l'exclusion, parce que la réclusion fait partie d'un processus de réinsertion dans la société".
Quand il était archevêque de Buenos Aires, Jorge Bergoglio visitait les prisons dans son pays pour soutenir les détenus et leurs familles.
Il "y a beaucoup d'éléments qui jouent contre vous dans cet endroit, je le sais bien : la surpopulation, les lenteurs de la justice, l'absence d'occupations et de réadaptation professionnelle, la violence", a-t-il reconnu vendredi.
Palmasola abrite 4.800 prisonniers soit le tiers des prisonniers boliviens, alors qu'elle n'était prévue que pour en accueillir 600.
La prison pour hommes et femmes, dans la banlieue de Santa Cruz, avait été le théâtre en 2013 d'une rixe puis d'un grave incendie qui avait fait 35 morts.
Dans cet environnement surpeuplé et violent, 120 enfants cohabitent avec leurs parents détenus, une situation régulièrement dénoncée par les organisations de défense des droits de l'homme.
- Situation carcérale déplorable -
Depuis le début de sa tournée latino-américaine, démarrée dimanche en Equateur, le pape a axé son message sur la justice sociale et l'intégration, dans cette région qui est considérée par les économistes comme la plus inégalitaire de la planète.
Il s'était encore insurgé jeudi contre une culture du "rejet" qui "cherche à tout transformer en objet de consommation", devant un million de fidèles réunis pour sa messe à Santa Cruz.
Pour son neuvième voyage à l'étranger, le souverain pontife aura visité d'ici dimanche trois pays à forte majorité catholique - l'Amérique latine héberge la majorité des 1,2 milliard de catholiques de la planète -, marqués par une longue histoire de pauvreté et d'inégalités touchant principalement les populations indigènes.
Et alors que la Bolivie est l'un des pays les plus pauvres d'Amérique latine, le pape François a demandé un "changement réel" au niveau mondial qui mette "l'économie au service des peuples".
A Palmasola, les détenus espèrent surtout que sa venue pourra améliorer leurs conditions, dans un pays où la situation carcérale est déplorable.
Selon le Défenseur du peuple en effet, la Bolivie affiche le taux le plus élevé d'Amérique latine de personnes détenues sans avoir encore été jugées, 84%, devant le Paraguay avec 71%.
Le pays garde sous les verrous 15.000 prisonniers alors que sa capacité pénitentiaire n'est que de 5.000 personnes.
Après cette visite à haute valeur symbolique, le pape rencontrera des évêques boliviens avant de se rendre dans l'après-midi au Paraguay, pour la dernière étape de son voyage, prévu jusqu'à dimanche.
Le souverain pontife a profité de son déplacement dans le continent qui l'a vu naître pour lancer jeudi un message historique, demandant "humblement pardon, non seulement pour les offenses de l'Eglise même, mais pour les crimes contre les peuples autochtones durant ce que l'on appelle la conquête de l'Amérique".
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