La Tunisie a subi vendredi un nouveau coup dur avec l'appel du Danemark à ses touristes à quitter le pays en raison du risque "élevé" d'un nouvel attentat, au lendemain d'une annonce similaire par la Grande-Bretagne.
Londres, qui a payé le plus lourd tribut dans l'attaque du 26 juin dans un hôtel en bord de mer à Port El Kantaoui, dans le centre-est du pays -30 ressortissants tués sur les 38 victimes- avait jugé qu'une "nouvelle attaque terroriste est hautement probable".
Le Foreign Office a recommandé aux touristes britanniques de quitter la Tunisie et déconseillé tout voyage "non essentiel" dans le pays, affirmant en outre ne pas croire que "les mesures mises en place (par le gouvernement tunisien) soient suffisantes pour protéger actuellement les touristes britanniques".
Vendredi, c'est le Danemark qui a appelé ses touristes à quitter la Tunisie. Le gouvernement français, lui, a dit qu'il n'avait pas prévu de changer ses consignes de prudence, qui appellent déjà les ressortissants français à "être particulièrement vigilants".
- Changer d'avis -
La Tunisie a dit "comprendre" la décision britannique mais qu'elle allait tenter de convaincre Londres de revenir sur ce changement dans les consignes aux voyageurs.
"Nous allons les contacter pour leur faire comprendre que nous comprenons que cela résulte d'une réaction responsable (), mais petit à petit, nous essaierons de les convaincre afin que, peut-être, ils reviennent sur" leur décision, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Taïeb Baccouche.
"Nous ne pouvons pas les blâmer dans la situation actuelle", a-t-il ajouté. "Mais nous n'allons pas nous arrêter là, nous allons rester en contact avec eux et avec les partenaires au sein de l'Union européenne pour que ce genre de mesures ne soient pas prises".
Dans la nuit de jeudi à vendredi, le Premier ministre Habib Essid avait déclaré devant le Parlement que la Tunisie avait fait "tout son possible" pour protéger les intérêts étrangers, tout en reconnaissant que la situation sécuritaire dans le pays restait "fragile" et que "les menaces terroristes existent".
"Nous sommes prêts pour le rapatriement dans les meilleurs conditions de tous les ressortissants britanniques, et pour protéger ceux qui veulent rester" en Tunisie, a-t-il aussi assuré.
- Rapatriements -
Le voyagiste Thomas Cook a annoncé avoir annulé toutes ses réservations jusqu'au 31 octobre et a commencé dès vendredi à rapatrier ses clients, qui étaient 1.600 en Tunisie au moment de l'annonce du Foreign Office.
"Nous avons reçu un message ce matin nous disant de partir à cause d'une attaque terroriste qui pourrait se produire (). Ils nous ont dit que nous devions partir dans une heure et demie", a dit à l'AFP Laura, une jeune Britannique qui attendait d'être rapatriée par Thomas Cook à l'aéroport d'Enfidha. "Nous ne voulons pas partir, mais c'est plus sûr de partir", a-t-elle ajouté.
C'est un coup dur pour l'économie tunisienne, le tourisme représentant environ 7% du PIB, 400.000 emplois directs et indirects et une source importante de devises, alors que le dinar n'est pas convertible.
L'attentat du 26 juin est le deuxième à viser des touristes étrangers en l'espace de trois mois: le 18 mars, 21 d'entre eux avaient été tués au musée du Bardo à Tunis. Les deux attaques ont été revendiquées par le groupe Etat islamique.
Au vu des "dangers" menaçant la Tunisie, le président Béji Caïd Essebsi a décrété le 4 juillet l'état d'urgence, sous lequel le pays a déjà vécu plus de trois ans après sa révolution en janvier 2011.
La Tunisie fait face depuis ce soulèvement qui a mis fin à la dictature de Zine El Abidine Ben Ali à une montée de la mouvance jihadiste, responsable de la mort de dizaines de policiers et de militaires.
Vendredi, des experts de l'ONU ont appelé à endiguer le flux de jeunes Tunisiens ralliant des jihadistes à l'étranger, estimant que leur nombre, notamment en Syrie et en Libye, dépassait les 5.500.
Le Groupe de travail des Nations unies sur l'utilisation de mercenaires a été informé "de la présence de quelque 4.000 Tunisiens en Syrie, 1.000 à 1.500 en Libye, 200 en Irak, 60 au Mali et 50 au Yémen".
Selon le Premier ministre, 15.000 jeunes Tunisiens ont été empêchés de rejoindre les jihadistes dans des zones de conflit.
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