Des dizaines de milliers d'Iraniens ont manifesté vendredi pour la traditionnelle "Journée de Jérusalem" en soutien aux Palestiniens, tout en condamnant cette année la campagne militaire saoudienne contre les rebelles au Yémen.
De nombreux responsables politiques, dont le président Hassan Rohani, ont participé à la marche qui a coïncidé avec les discussions finales à Vienne entre l'Iran et les grandes puissances sur le dossier nucléaire iranien.
Des manifestations étaient également prévues à Bagdad, alors que le chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah, un proche allié du pouvoir iranien, doit s'exprimer à Beyrouth.
A Téhéran et dans plusieurs autres villes d'Iran, la foule a lancé les habituels slogans "Mort à Israël" et "Mort à l'Amérique".
Les organisateurs ont érigé un barrage tenu par des faux militaires israéliens, criant sur les passants et les menaçant avec des matraques.
Mais la colère de la foule s'est étendue à l'Arabie saoudite, à la tête depuis fin mars d'une campagne aérienne arabe contre les rebelles chiites Houthis qui contrôlent une partie du Yémen.
"Mort à la maison des Saoud" et "la famille Saoud tombera", hurlaient les manifestants en référence à la dynastie au pouvoir à Ryad, en allusion à la famille régnante des Al-Saoud.
- L'EI "marionnette des Saoudiens" -
Une grande effigie représentant le groupe jihadiste Etat islamique (EI), estampillée "marionnette des Saoudiens", a été exhibée avant d'être détruite par le feu avec des drapeaux israélien, américain, britannique et saoudien.
Les relations entre le royaume arabe sunnite et la puissance iranienne chiite sont extrêmement tendues depuis le début des raids aériens saoudiens destinés à empêcher les rebelles de prendre le contrôle total du pays.
En avril, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait comparé ces frappes à "ce que fait le régime sioniste à Gaza", dénonçant un "génocide".
Les manifestants pouvaient également faire des dons en soutien à la population yéménite, alors que l'ONU a annoncé une trêve de six jours à partir de vendredi soir pour permettre l'acheminement des secours à la population piégée par les combats.
Le général Yahya Rahim Safavi, un conseiller militaire du guide suprême, a justifié le ton différent de la marche par les conflits en Syrie, en Irak et au Yémen.
"Les terroristes de Daech (un acronyme en arabe de l'EI) et d'Al-Nosra (branche syrienne d'Al-Qaïda), qui sont soutenus par les sionistes, de même que la guerre cruelle des Saoudiens contre le peuple opprimé du Yémen ont créé une nouvelle situation", a-t-il dit, cité par l'agence officielle Irna.
- "Ils restent nos ennemis" -
L'Iran, qui ne reconnaît pas l'existence d'Israël, soutient militairement et financièrement les groupes islamistes palestiniens dans leur lutte contre l'Etat hébreu. Téhéran fournit au Hamas et au Jihad islamique la technologie pour fabriquer des missiles capables de frapper les villes israéliennes.
Cette année, la manifestation a lieu au moment où les négociateurs de l'Iran et du groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) peinent à Vienne à parvenir à un accord final sur le programme nucléaire iranien.
Mais la perspective d'un accord ne signifie pas un rapprochement avec les Etats-Unis ou Israël, a assuré à l'AFP Fereshteh Ashouri, une Téhéranaise de 23 ans, alors que les relations diplomatiques entre l'Iran et l'Amérique sont rompues depuis 1980.
"Il est hors de question que ces négociations assurent la sécurité d'Israël, a-t-elle dit. Israël et les Etats-Unis devraient savoir qu'il restent nos ennemis".
"La Journée d'Al-Qods" (Jérusalem en arabe) est célébrée tous les ans en Iran depuis la révolution islamique de 1979 le dernier vendredi du ramadan. Cette année, la manifestation a été avancée d'une semaine en raison de la proximité de l'Aïd el-Fitr, la fête qui conclut le mois de jeûne musulman.
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