Le Parlement grec et les dirigeants de la zone euro vont étudier dès vendredi matin les propositions de réformes soumises in extremis la veille au soir par Athènes à ses créanciers, qui reprennent dans les grandes lignes ce que ces derniers demandaient avant le référendum.
Le vote du Parlement permettra ou non au gouvernement de négocier ce paquet de réformes, a fait savoir l'agence Ana (semi-officielle). Le débat, qui s'annonce houleux, débutera à 11H00 GMT.
Le gouvernement d'Alexis Tsipras a transmis ses propositions aux créanciers, UE, BCE et FMI, deux heures avant l'ultimatum fixé à minuit (22H00 GMT), dans l'espoir de les convaincre de reprendre leur aide et d'éviter une sortie du pays de la zone euro.
Selon le texte, la Grèce souhaite une solution "pour régler" son énorme dette publique, qui atteint 320 milliards d'euros, soit près de 180% du PIB, ainsi qu'un "paquet de 35 milliards d'euros" consacré à la croissance.
Dans ce document de 13 pages intitulé "Actions prioritaires et engagements", le gouvernement s'engage à adopter une grande partie des mesures proposées par les créanciers le 26 juin, et rejetées par les Grecs lors d'un référendum dimanche dernier.
Alors que la hausse de la TVA était la pomme de discorde entre Athènes et ses créanciers pendant ces derniers mois de négociations, le gouvernement d'Alexis Tsipras accepte "un système unifié des taux de la TVA à 23%, incluant aussi la restauration", qui jusqu'ici était à 13%.
Pour les produits de base, l'électricité et les hôtels, la TVA reste à 13% et à 6% pour les médicaments, livres et places de théâtre.
Le gouvernement propose également la suppression des avantages fiscaux pour les îles (soit la réduction de 30% de la TVA appliquée depuis plusieurs années), à commencer par les îles les plus riches et touristiques, comme le souhaitaient les créanciers.
Concernant l'âge du départ à la retraite, il est fixé à 67 ans ou 62 ans avec 40 ans de travail et sera relevé graduellement d'ici à 2022.
Ces propositions doivent être "immédiatement" étudiées par les créanciers puis soumises samedi aux ministres des Finances de la zone euro, avant un sommet extraordinaire des 28 pays de l'Union européenne convoqué dimanche à Bruxelles.
Avec ces réformes sur la table, les créanciers vont pouvoir "estimer le montant du programme d'aide" pour la Grèce, a indiqué une source européenne au fait des discussions.
Ni Bruxelles ni Berlin n'avaient encore réagi à ces nouvelles propositions vendredi à l'aube.
La Grèce a adressé formellement mercredi à la zone euro, son principal créancier, une nouvelle demande d'aide sur trois ans, la troisième depuis 2010, en échange de l'effort budgétaire dans lequel elle va s'engager. Mais si les créanciers jugent l'effort insuffisant, le sommet de dimanche pourrait se transformer en réunion de crise, amorçant une sortie de la Grèce de la monnaie unique.
- 'Je veux un accord' -
Sur l'épineuse question de la dette grecque, la chancelière allemande Angela Merkel a redit jeudi son opposition à une "réduction" de la dette grecque, alors que son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, a jugé que sa "restructuration" ou son "rééchelonnement" était un "passage obligé".
Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a lui estimé que si la Grèce "s'engage à des réformes de moyen et long termes, les créanciers doivent offrir un horizon, un espoir aux Grecs", ce qui "implique de s'attaquer au poids de la dette grecque".
Le commissaire a estimé que "la fenêtre de tir pour conclure un accord avec la Grèce se referme définitivement dimanche".
"Je veux un accord et peu importe s'il contient des mesures d'austérité, ce sera toujours mieux qu'un retour à la drachme", plaidait à Athènes Stefanos, un chômeur de 32 ans, pessimiste sur les possibilités de compromis.
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