La Grèce, encouragée par une apparente ouverture des Européens sur la question de la dette, finalisait jeudi un nouveau programme de réformes avec lequel elle espère les convaincre de reprendre leur aide et de la garder dans la zone euro.
Après une escalade de propos alarmistes en début de semaine, Athènes a récolté des signes encourageants, dont un appel du président du Conseil européen, Donald Tusk, en faveur de propositions "réalistes" des créanciers sur l'épineuse question de la dette grecque, cruciale pour le gouvernement Tsipras.
Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, doit faire parvenir aux créanciers du pays (UE, BCE, FMI) avant jeudi minuit (22H00 GMT) de nouvelles propositions de réformes.
A offre satisfaisante des Grecs, bonne volonté des créanciers sur le règlement de la lourde dette publique du pays, qui atteint 320 milliards d'euros, soit 180% du PIB, semble dire M. Tusk.
Cette question divise le FMI et les Européens, parmi lesquels certains pays, comme l'Allemagne, ont régulièrement affirmé leur refus de faire un geste dans l'immédiat.
La chancelière allemande Angela Merkel a redit jeudi à Sarajevo son opposition à "une réduction" de la dette grecque.
"Une réduction (de la dette) classique est pour moi hors de question. Et cela n'a pas changé entre avant-hier (mardi, lors du sommet à Bruxelles) et aujourd'hui", a indiqué lors d'une conférence de presse la chancelière, en déplacement dans les Balkans.
Sur la même ligne, son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, farouche opposant de la restructuration de la dette grecque, a rejeté l'argument d'Alexis Tsipras qui a rappelé mercredi à Strasbourg que "60% de la dette de l'Allemagne avait été effacée, l'une des manifestations de solidarité les plus significatives de l'Histoire".
"Faire une comparaison avec les années 20", lorsque l'Allemagne, vaincue en 1918 et étranglée par les demandes de réparations, "ou avec 1953, n?a rien à voir avec la situation que nous avons connue au cours des dernières années dans la zone euro () cela porte à confusion", a déclaré M. Schäuble lors d'un colloque de la Bundesbank à Francfort.
Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici a toutefois estimé dans un billet de son blog, que si la Grèce "s'engage à des réformes de moyen et long termes, les créanciers doivent offrir un horizon, un espoir aux Grecs", ce qui implique de s?attaquer au poids de la dette grecque () comme cela était prévu en novembre 2012, assorti de conditions précises ? à commencer par la détermination de la Grèce à faire des réformes".
Le commissaire a estimé que "la fenêtre de tir pour conclure un accord avec la Grèce se referme définitivement dimanche".
- Un certain optimisme s'affiche -
Le Premier ministre français, Manuel Valls, avait salué mercredi une "réelle volonté d'avancer et de réformes" et le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, un changement de ton "positif".
Signe aussi de l'optimisme sur la conclusion d'un accord avec Athènes, la reprise jeudi sur la majorité des bourses européennes, la bourse de Paris ayant terminé sur un bond de 2,55%, celle de Francfort sur 2,32%.
Alexis Tsipras s'est entretenu jeudi au téléphone avec Donald Tusk et le président français François Hollande avant le début d'une réunion ministérielle dans l'après-midi, qui a duré quatre heures, devant finaliser les propositions grecques.
"Je veux un accord et peu importe s'il contient des mesures d'austérité, ce sera toujours mieux qu'un retour à la drachme", plaidait à Athènes Stefanos, un chômeur de 32 ans, pessimiste sur les possibilités de compromis.
Plus de 1.000 personnes, selon la police, 3.000 selon certains médias locaux, se sont rassemblés jeudi soir dans le centre d'Athènes pour défendre le maintien de la Grèce dans l'euro.
Car le "scénario noir", une exclusion du pays de la monnaie unique, n'est plus tabou. Si certains analystes estiment que l'impact économique pour la zone euro en serait limité, le FMI a souligné mercredi que la récente hausse des taux d'intérêts sur la dette de "certains pays de la zone euro" pourrait annoncer des troubles plus importants.
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