Le Pape François s'est insurgé jeudi en Bolivie contre une culture du "rejet" et qui "cherche à tout transformer en objet de consommation", lors de la messe sur la place du Christ Rédempteur de Santa Cruz où il est arrivé la veille avec un message d'intégration et de justice sociale.
La messe, la seule célébrée par le Pape en Bolivie, devrait durer quelque deux heures. Des prières et des textes seront lus dans plusieurs des langues indigènes du pays, dont le quechua, le guarani et l'aymara.
"Jesus continue de nous dire sur cette place : cela suffit avec le rejet", a déclaré le Pape, qui a notamment dénoncé "la logique qui prétend s'imposer dans le monde d'aujourd'hui, une logique qui cherche à tout transformer en objet d'échange de consommation, qui rend tout négociable () en écartant tous ceux qui ne produisent pas".
Le religieux de 78 ans, premier pape jésuite et latino-américain de l'Histoire, est arrivé mercredi après-midi à l'aéroport de La Paz - El Alto, à plus de 4.000 mètres au-dessus du niveau de la mer, accueilli par le président Evo Morales et les autorités boliviennes qui avaient disposé des bouteilles d'oxygène à son intention.
Il n'a passé que quatre heures dans la capitale bolivienne, perchée à 3.600 mètres d'altitude, avant de prendre l'avion pour Santa Cruz (est), capitale économique et ville la plus peuplée du pays, où des milliers d'habitants ont salué le passage de sa papamobile dans le parc du Cambodromo, où est célébré traditionnellement le carnaval.
Sur la place du Christ Rédempteur, où trône une gigantesque statue de bronze, de nombreux fidèles ont passé la nuit à attendre, malgré les basses températures.
"Nous attendons le Saint père. Nous voulons être le plus près possible pour recevoir les bénédictions qu'il va faire", raconte Nancy Camacho, qui recouvre sa tête d'une grande écharpe pour se protéger du froid, inhabituel dans cette ville.
Autour de la place, des écrans géants ont été installés et la journée a été déclarée fériée.
La vente d'alcool et les spectacles musicaux sont interdits durant tout le séjour du pape dans le pays, encadré d'un dispositif de sécurité de 17.000 policiers et militaires.
- Un Burger King pour sacristie -
De manière insolite, c'est un simple local de la chaîne de restauration rapide Burger King, situé à côté, qui servira de sacristie, pour permettre au pape et aux évêques de se changer avant la messe.
"Après une évaluation de la situation par l'Eglise et la mairie, ils ont considéré que ce local était adéquat et nous avons suspendu temporairement l'activité de vente", a expliqué à l'édition en ligne du journal El Dia le directeur général de Bolivian Food, Alfredo Troche, qui détient la franchise Burger King dans le pays.
Après la messe, le pape se réunira à 16H00 (20H00 GMT) avec 4.000 membres de la communauté religieuse dans le collège Don Bosco, avant de conclure sa journée en participant à la deuxième Rencontre mondiale des mouvements populaires.
Cette rencontre, dont la première édition s'était déroulée à Rome en octobre 2014, réunit des mouvements du monde entier, dont des représentants de travailleurs précaires, de paysans sans terre, d'indigènes, de migrants et de militants anti-mondialisation.
Elle permettra au pape François de mesurer l'écho de sa récente encyclique "Laudato si'" ("Loué sois-tu"), qui prenait la défense de l'environnement et des pauvres.
Le souverain pontife, qui part vendredi au Paraguay, avait d'ailleurs profité de la première étape de son voyage, en Equateur, pour lancer un appel pressant à ne plus "tourner le dos" à "notre mère la Terre".
Depuis le début de son périple, son message repose aussi très largement sur l'intégration et la justice sociale, ayant rappelé dès son arrivée la "dette" de l'Amérique latine, région la plus inégalitaire de la planète, envers "les plus fragiles et les plus vulnérables".
Mercredi, il a d'ailleurs salué les "pas importants" de la Bolivie, nation la plus pauvre d'Amérique du Sud, "pour inclure d'amples secteurs dans la vie économique, sociale et politique du pays".
Pour sa part, Evo Morales, premier président indigène du pays et chantre de la gauche radicale du continent, a remercié son "frère, le pape", "le pape des pauvres" de "nous rendre visite chez nous, avec un message d'espérance et de libération".
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