Alors que les dirigeants européens tentent de trouver une issue politique à la crise grecque, la BCE a choisi de se laisser du temps pour trancher sur les prêts d'urgence aux banques, bouée de sauvetage de l'économie du pays.
La Banque centrale européenne a fait savoir lundi soir dans un communiqué qu'elle maintenait au niveau actuel, soit environ 89 milliards d'euros, les prêts d'urgence (ELA) aux banques grecques, tout en durcissant les conditions d'octroi.
Le gardien de l'euro laisse donc les instituts de crédit du pays dans le coma artificiel dans lequel il les avait plongés le 28 juin, lorsqu'il avait décidé de laisser inchangé le montant des prêts d'urgence, dans l'attente du référendum grec.
Ce dernier s'est soldé dimanche par une large victoire du camp du "non" aux réformes et coupes budgétaires proposées par les créanciers de la Grèce (UE, FMI, BCE) en échange d'un nouveau renflouement.
Privées de liquidités supplémentaires pour juguler des retraits massifs de leur épargne par des Grecs inquiets de la situation du pays, les banques grecques ont fermé leurs portes lundi dernier. Cette mesure doit être prolongée jusqu'à mercredi.
Ce jour-là, le conseil des gouverneurs, organe de décision de la BCE, va à nouveau se pencher sur le devenir des prêts d'urgence aux banques grecques, a déclaré à l'AFP une source bancaire européenne ayant requis l'anonymat. La BCE n'a pas souhaité commenter.
D'ici là aura eu lieu un sommet européen à Bruxelles, susceptible d'apporter des éclairages sur une résolution de la crise grecque.
La BCE a également décidé lundi d'augmenter la décote pratiquée sur les titres mis en garantie par les banques grecques pour avoir accès à l'ELA -appelés "collatéraux"-, rendant ainsi plus contraignante dans le futur la demande de prêts d'urgence.
"Le conseil des gouverneurs a décidé aujourd'hui d'ajuster les décotes sur les collatéraux acceptés par la Banque de Grèce pour l'ELA", a-t-elle indiqué. Contactée par l'AFP, elle a refusé de donner des détails sur cette décote.
Selon une source proche de la décision interrogée par l'AFP, "la décision de la BCE d'augmenter la décote appliquée aux collatéraux reflète la dégradation de la situation en Grèce" mais "elle laisse de la marge de man?uvre aux banques grecques pour l'avenir, elle ne les asphyxie pas".
"Les banques grecques peuvent gérer ces nouvelles conditions et la BCE n'a pas posé d'ultimatum précis au pays", relevait un responsable grec, cité de manière anonyme par l'agence Bloomberg.
- Temporiser -
Plusieurs analystes avaient misé sur un maintien au niveau actuel de l'ELA.
"Nous nous attendons à ce que la BCE temporise, en ne réduisant pas les (prêts) ELA mais éventuellement en disant aux dirigeants européens que sans un signal politique clair, elle devra bientôt les arrêter", avait pronostiqué Holger Schmieding, économiste de Berenberg.
Le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel ont appelé à l'unisson lundi soir à Paris le Premier ministre grec Alexis Tsipras à faire d'urgence des propositions "précises" et "sérieuses" pour la reprise des négociations avec Athènes.
En attendant une issue politique, "c'est encore à la BCE de faire le sale boulot", selon Carsten Brzeski, économiste d'ING.
Dans son rôle de pourvoyeur de fonds des banques et de l'économie grecque, elle est dans une position intenable, car les conditions formelles d'octroi d'ELA sont prêtes à sauter: les banques sont au bord de l'insolvabilité et leurs garanties nécessaires pour emprunter auprès de la banque centrale s'amenuisent.
- "Instruments disponibles" -
L'implosion de la zone euro fait figure de repoussoir pour la BCE. Mais pour beaucoup de ses membres, passer outre les règles est aussi une forme de sabotage de la zone euro.
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