Un demi-millier de morts depuis fin mai, des attaques quasi quotidiennes depuis une semaine, encore 49 tués dimanche: Boko Haram met sous pression le nouveau président nigérian Muhammadu Buhari, qui s'est engagé à "éradiquer le terrorisme le plus rapidement possible".
Le carnage de dimanche à Jos, dans le centre du Nigeria, porte à au moins 260 le nombre de tués dans des assauts islamistes, des explosions et des attentats-suicide en une semaine, selon un décompte de l'AFP, et à au moins 520 depuis l'entrée en fonction de M. Buhari le 29 mai.
Vainqueur de la présidentielle face au sortant Goodluck Jonathan en mars, l'ex-général Muhammadu Buhari, déjà au pouvoir entre 1983 et 1985 à l'époque des dictatures militaires, a fait de la lutte contre Boko Haram une priorité.
Une opération militaire régionale déclenchée en février par le Nigeria et des pays voisins, Tchad en tête, a permis de reprendre la quasi-totalité des localités du Nord-Est contrôlées par les islamistes.
Mais les dernières tueries montrent l'incapacité des militaires à prévenir les violences et la persistance de la présence des islamistes, notamment aux confins du lac Tchad, et de leur capacité de nuisance, selon les observateurs.
Censée améliorer la coordination sur le terrain, une nouvelle force militaire multinationale qui comptera 8.700 hommes (Nigeria, Niger, Tchad, Cameroun et Bénin) doit être déployée d'ici fin juillet dans le Nord-Est insurgé.
Dimanche, deux explosions ont eu lieu à quelques minutes d'intervalle, d'abord dans un centre commercial, puis devant une mosquée de Jos, la capitale de l'Etat de Plateau (centre), situé en plein sur la frontière entre le Sud nigérian majoritairement chrétien et le Nord musulman et en proie à de profondes divisions religieuses.
"Pour le moment, nous avons 44 morts et 47 blessés en provenance des sites des deux explosions", a indiqué lundi Mohammed Abdulsalam, de l'Agence nationale de gestion des situations d'urgence (NEMA).
Umar Abubakar, qui se trouvait dans la mosquée Yantaya, a expliqué que plusieurs assaillants avaient ouvert le feu à l'extérieur vers 21H20 (20H20 GMT). "Ils ont tiré une RPG (une roquette) contre la mosquée mais il a heurté une barre métallique sur la façade et explosé", a-t-il raconté. "Beaucoup de gens ont été tués et blessés par la fusillade et l'explosion. C'est un miracle que j'aie pu me sauver".
Lundi, la façade de la mosquée était constellée d'impacts de balles et tachée de sang, tandis que des chaussures, des livres et d'autres effets personnels de fidèles jonchaient le sol.
- 'Morceaux de chair humaine' -
Quelques minutes plus tôt, un restaurant bondé, le Shagalinku, situé dans un centre commercial très fréquenté, était dévasté par une puissante explosion.
Un habitant du quartier, Mohammed Shafi'i, a indiqué que la déflagration avait secoué tous les bâtiments voisins. Il dit avoir compté 25 cadavres, dont quatre serveuses du restaurant.
"Le restaurant a été très endommagé. Des morceaux de chair humaine, du sang, des tables et chaises en plastique et toutes sortes d'affaires personnelles sont éparpillées partout", a-t-il décrit.
Plus tôt dimanche, un attentat-suicide dans une église de Potiskum (nord-est) avait déjà tué cinq personnes, dont le pasteur, une femme et ses deux enfants.
Ces tueries surviennent après une demi-douzaine d'attaques sanglantes depuis mercredi dans le nord-est du pays, attribuées au groupe islamiste Boko Haram. Les islamistes avaient notamment pris d'assaut plusieurs villages près du lac Tchad, tuant plus de 150 fidèles en train de prier dans des mosquées.
Le président Buhari s'est engagé dimanche à en finir avec l'insurrection armée de Boko Haram "le plus rapidement possible", estimant que "les terroristes qui s'attaquent à nos lieux de culte ont délibérément déclaré la guerre à nos valeurs et doivent être combattus avec toute notre force et notre détermination".
Après avoir conquis de vastes pans du Nord-Est nigérian l'an dernier, les insurgés, repoussés des villes et villages qu'ils avaient conquis par les récentes opérations militaires, ont désormais recours à des tactiques de guérilla, essentiellement contre des cibles civiles.
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