Les Chorégies d'Orange, festival d'opéra le plus populaire de France, sont bien parties pour faire le plein du spectaculaire théâtre antique avec "Carmen", donné exceptionnellement trois fois, et "Le Trouvère", avec Roberto Alagna.
"On part sur des titres connus et des interprètes exceptionnels" constate Raymond Duffaut, directeur général des Chorégies.
C'est que tout est surdimensionné à Orange: 8.300 places en plein air, 800 m2 de scène à habiller pour le décor, 120 musiciens dans la fosse, 100 choristes sur scène, 40 ou 60 figurants
Outre la star Jonas Kaufmann dans le rôle de Don José, la mezzo américaine Kate Aldrich vient pour la première fois à Orange (Carmen). Le ténor allemand n'est venu aux Chorégies qu'une fois à ses débuts, pour chanter le Requiem de Mozart (2006).
Seul "Carmen", opéra le plus joué au monde, est en mesure de remplir trois fois de suite l'immense théâtre antique. C'est d'ailleurs le seul opéra que le festival se soit risqué à donner trois fois, en 2004.
Cette fois, le metteur en scène Louis Désiré mise sur un décor de cartes à jouer géantes jetées sur le plateau, une "belle idée" tirée tout droit de la scène où les bohémiennes tirent les cartes, raconte le directeur des Chorégies. La mise en scène reste "fidèle à l'esprit de l'oeuvre, tout en la débarrassant des scories folkloriques qu'on a souvent tendance à coller sur l'opéra de Bizet". L'oeuvre sera interprétée par l'Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par Mikko Franck.
L'affiche de l'opéra de Verdi n'est pas moins alléchante, puisque Roberto Alagna y chantera Manrico, aux cotés de la somptueuse québecoise Marie-Nicole Lemieux (Azucena) et, pour la première fois à Orange, de la soprano chinoise Hui He (Leonora).
"Le décor du Trouvère repose essentiellement sur un espace scénique avec une double pente contradictoire qui balaie la scène et tout le reste viendra des projections vidéo, qui reprendront les différents lieux de l'ouvrage", explique Raymond Duffaut. Charles Roubaud signe la mise en scène.
- Finances fragiles -
Le public amoureux du lyrique a répondu présent: plus de 85% des billets avaient déjà été vendus à la mi-juin. Les Chorégies ont absolument besoin d'une année faste pour rétablir des finances fragilisées par "un sous-financement chronique", selon Raymond Duffaut. Les subventions publiques n'ont pas bougé depuis vingt ans, et l'annulation en 2013 d'un concert de Roberto Alagna, 4 jours avant la date, a précipité le festival dans le déficit.
Les assurances et le festival sont toujours en litige devant la justice, pour un préjudice estimé à 500.000 euros, et la décision doit être rendue le 9 octobre.
Raymond Duffaut n'est pas resté les bras croisés: il a réussi à doubler le mécénat en deux ans, qui atteint 310.000 euros, soit davantage que la plus grosse subvention publique, celle de l'Etat (290.000 euros).
La jauge formidable des Chorégies condamne le festival à donner les oeuvres les plus populaires, sauf à s'exposer à de cruelles déconvenues. Les places d'opéra vont de 55 à 260 euros.
En programmant en 2013 un Wagner ("Le Vaisseau fantôme"), éloigné des goûts de son public habituel, et un opéra relativement peu connu de Verdi, "Un bal masqué", le festival avait pris un risque. L'annulation du récital de Roberto Alagna avec Anna Caterina Antonacci, pour raison de santé, alors que près de 6.000 places avaient été vendues, avait creusé le déficit.
Devant le péril, le festival avait alors décidé de renoncer pour cette année à "Samson et Dalila" de Saint-Saëns, jugé trop risqué dans le contexte financier, en faveur du "Trouvère".
En 2016, on verra à Orange "La Traviata" et "Madame Butterfly".
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