Largement victorieux, Alexis Tsipras a fait lundi un geste à l'égard de ses créditeurs avec le départ de son sulfureux ministre des finances Yannis Varoufakis, avant un sommet franco-allemand à Paris, crucial pour l'avenir de la Grèce dans l'Europe.
L'annonce surprise a été faite par l'iconoclaste ministre grec, universitaire entré en politique il y a cinq mois, mais c'est bien Alexis Tsipras, premier chef d'un gouvernement de gauche radicale en Europe, qui a pris la décision de sacrifier ce collaborateur qu'il avait jusqu'ici soutenu contre les critiques de ses partenaires européens.
Dans un communiqué, Varoufakis explique avoir été informé de la "préférence de certains membres de l'Eurogroupe, et de +partenaires+ associés, () pour (son) +absence+ des réunions; une idée que le Premier ministre a jugée potentiellement utile à l'obtention d'un accord".
Ce choix d'Alexis Tsipras, fort de la victoire du "non" à 61,31% au référendum sur les propositions des créanciers, intervient à quelques heures d'une rencontre à Paris de la chancelière allemande Angela Merkel et du président français François Hollande, alors que plane l'incertitude sur le maintien de la Grèce dans la zone euro.
Athènes est fermement convaincue que les négociations sur les réformes et les mesures budgétaires débattues avec l'UE et le FMI depuis cinq mois peuvent reprendre dès lundi.
- La BCE décisive -
La situation est d'autant plus urgente que la Grèce n'a plus d'argent, ses banques sont fermées depuis une semaine et fragilisées par les récents retraits massifs de Grecs anxieux.
Tous les regards sont tournés vers la BCE qui depuis plusieurs jours a consenti à maintenir en coma artificiel les banques du pays au moyen de prêts d'urgence, les fameux ELA, et doit décider si elle veut continuer de le faire, au risque de violer ses règles. Une réunion du conseil des gouverneurs de la BCE, annoncée dès vendredi par le gouverneur de la Banque d'Autriche Ewald Nowotny, est prévue lundi.
Le ministre des Finances français Michel Sapin en a appelé lundi matin à l'institution monétaire: le niveau des liquidités fournies aux banques grecques "ne peut pas être abaissé", a-t-il argué sur la radio Europe 1.
Paris et Berlin sont "d'accord" pour dire qu'il faut "respecter le vote" des Grecs, mais sont loin d'avoir une vision commune de la réponse à apporter à ce scrutin, qui, plus largement, divise les dirigeants de la zone euro. Un sommet de la zone euro aura lieu mardi soir à Bruxelles.
Le porte-parole du gouvernement français Stéphane Le Foll a pressé lundi le gouvernement grec de faire de "nouvelles propositions", estimant toutefois que "personne", chez les "dirigeants responsables", ne veut de la sortie de la Grèce de la zone euro.
Le ministre allemand de l'Economie Sigmar Gabriel a pourtant jugé "difficilement imaginables" de nouvelles négociations dans ces circonstances, déclarant même que le Premier ministre grec Alexis Tdipras avait "coupé les derniers ponts" entre son pays et l?Union européenne, dans un entretien au quotidien Tagesspiegel paru lundi.
Le chef de l'Eurogroupe et ministre des Finances des Pays-Bas, Jeroen Dijsselbloem, a quant à lui jugé le résultat du vote "très regrettable pour l'avenir de la Grèce".
Le ministre slovaque des Finances Peter Kazimir jugeait pour sa part que, désormais, un Grexit - sortie de la Grèce de la zone euro - était "un scénario réaliste".
- Les créanciers se consultent -
Mais M. Tsipras a assuré à ses compatriotes que le résultat du référendum ne marquait pas "une rupture avec l'Europe", mais au contraire "un renforcement du pouvoir de négociation" de son gouvernement. Il a déclaré que "cette fois la dette serait sur la table" de ces négociations.
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