Après le non grec au référendum, tous les regards se tournaient lundi vers la BCE: elle seule peut éviter à l'économie grecque d'aller dans le mur, mais uniquement au mépris de ses règles, et endiguer la panique sur les marchés.
Les Grecs ont massivement dit non dimanche aux réformes et coupes budgétaires demandées par les créanciers d'Athènes en échange d'un nouveau renflouement. En attendant l'issue de ce vote, la BCE avait consenti à maintenir en coma artificiel les banques du pays au moyen de prêts d'urgence, les fameux ELA.
La décision prise le 28 juin, juste après l'annonce du référendum, de maintenir les prêts ELA, mais sans en augmenter le plafond, avait déjà tout de l'exercice d'équilibrisme de la part des 25 banquiers centraux qui composent le conseil des gouverneurs de la BCE, son organe de décision.
Mais au lendemain d'un vote qui ferme la porte à une solution politique rapide, la position de la BCE comme pourvoyeur de fonds des banques et de l'économie toute entière est devenue intenable. Le conseil des gouverneurs se réunit lundi, avait déclaré dès vendredi l'Autrichien Ewald Nowotny.
"La BCE n'a pas de base pour continuer à envoyer des euros à Athènes", relevait Holger Schmieding, économiste de Berenberg.
- Eviter le Grexit -
En provenance d'Allemagne, des voix se sont élevées dès dimanche qui réclamaient une fin "immédiate" du soutien de la BCE aux banques, par exemple le député Hans Michelbach, du camp conservateur d'Angela Merkel.
Si ces dernières semaines la BCE a semblé se mettre en mode pause en attendant des décisions politiques, pour Nicolas Chéron, de CMC Markets, maintenant "les politiques attendent la réaction de la BCE pour prendre des décisions", a-t-il dit dimanche sur Twitter.
Or les deux conditions formelles d'octroi des prêts ELA ont sauté: l'existence d'un programme d'aide en faveur de la Grèce, et la solvabilité des banques. Et l'espoir d'un dénouement politique, que le président de la BCE Mario Draghi pouvait faire valoir encore la semaine dernière, a été balayé par les événements.
Cela n'a pas empêché Athènes d'annoncer dimanche que la Banque de Grèce sollicitait un relèvement du plafond des prêts ELA. Cela paraît le seul moyen pour faire rouvrir les banques, fermées toute la semaine dernière, et d'éviter le "Grexit".
Si le pays n'est pas réapprovisionné en euros par ce biais, il devra avoir recours à une monnaie parallèle pour payer factures, salaires et retraites. Et "du moment où quelqu'un introduit une nouvelle monnaie, il sort de l'euro", a asséné le président du Parlement européen, Martin Schulz.
- Contenir la panique -
L'implosion de la zone euro fait figure de repoussoir pour la BCE. Mais pour beaucoup de ses membres, passer outre les règles est aussi une forme de sabotage de la zone euro. C'est le cas du président de la Bundesbank allemande Jens Weidmann, qui a voté non avec constance contre les prêts ELA ces dernières semaines. Il est soutenu par son collègues slovaque et sans doute les Baltes. Le conseil prend ses décisions sur ELA à la majorité des deux tiers.
Si elle coupe les vivres aux banques grecques, la BCE devra s'occuper de contenir la panique que suscitera cette décision.
"Dans les circonstances de très grande incertitude en Europe et au niveau international, la BCE a été très claire, si c'est nécessaire on fera plus", a réaffirmé dimanche Benoît Coeuré, membre du directoire de l'institution.
L'institution en fait déjà beaucoup. Elle achète depuis mars pour environ 60 milliards d'euros par mois de dette, surtout des obligations souveraines, sur les marchés.
Elle pourrait gonfler ce programme baptisé "QE". Ou passer à la vitesse supérieure en enclenchant le programme OMT, jamais utilisé, qui la verrait acheter sans plafond des obligations d'Etat de pays dont les taux d'emprunt flamberaient.
Au lendemain du vote grec, et malgré les assurances de certains responsables européens que la zone euro résisterait à un cataclysme grec, M. Draghi pourrait être très vite confronté à sa promesse de "tout faire" pour sauver la zone euro.
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