Les Grecs ont nettement rejeté, lors du référendum de dimanche, le plan des créanciers de leur pays, précipitant Athènes dans l'incertitude sur son maintien dans la zone euro.
Sur près de 72% de bulletins dépouillés vers 20h00 GMT, le non l'emportait à 61,53%, tandis que Berlin d'un côté, Paris et Rome de l'autre, ne semblaient pas du tout sur la même ligne sur la réaction à apporter.
La chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande étaient néanmoins "d'accord" pour dire qu'il fallait "respecter le vote" des Grecs, et pour appeler à un sommet de la zone euro mardi.
Alors que les partisans du non manifestaient bruyamment leur joie à Athènes, Berlin réagissait durement, le ministre allemand de l'Economie Sigmar Gabriel jugeant "difficilement imaginables" de nouvelles négociations avec Athènes dans ces circonstances.
M. Gabriel a considéré que le Premier ministre grec Alexis Tsipras avait "coupé les derniers ponts" entre son pays et l'Europe, dans un entretien au quotidien Tagesspiegel à paraître lundi.
Moscou, commentateur intéressé des évènements, s'était déjà fait également son opinion : "On ne peut pas ne pas comprendre" qu'il s'agit d'un "pas vers la sortie de la zone euro", a déclaré le vice-ministre russe de l'Economie, Alexeï Likhatchev.
Mais au même moment, le ministre des Finances Yanis Varoufakis annonçait que ce non "était un outil pour tendre la main à nos partenaires", tandis que le porte-parole du gouvernement, Gabriel Sakellaridis indiquait que "les initiatives pour arriver à un accord" entre Athènes et ses créanciers UE et FMI "allaient s'intensifier à partir de ce soir".
M. Tsipras et M. Hollande, généralement un de ses plus compréhensifs partenaires dans la zone euro, se sont entretenus au téléphone vers 19h00 GMT. M. Hollande et Angela Merkel devaient se rencontrer lundi soir à Paris "pour évaluer les conséquences du référendum en Grèce".
- Positions divergentes -
La réaction allemande, en tout cas celle de M. Gabriel, semblait en contradiction avec les positions prises dans la matinée par Paris et Rome.
Dimanche matin en effet, le ministre français de l'Economie Emmanuel Macron avait appelé à une reprise des discussions avec la Grèce, même en cas de non.
Même position du président du Conseil italien Mattéo Renzi, corroborée après le scrutin par le ministre des Affaires étrangères Paolo Gentiloni : "Il est juste de recommencer à chercher un accord".
L'euro pâtissait de cette condition, cédant 0,90% par rapport à vendredi soir face au dollar, à 1,1014 dollar à 20h00 GMT.
La confusion sur la suite des évènements était totale. La Grèce n'a plus d'argent, ses banques sont fermées depuis une semaine, et fragilisées par les retraits massifs récents de Grecs anxieux de toute cette situation.
Selon le porte-parole du gouvernement, Gabriel Sakellaridis, la Banque de Grèce devait envoyer dès dimanche soir une demande à la BCE, car il y a selon lui "des arguments solides pour faire remonter (le plafond de) l'ELA", l'aide d'urgence aux banques grecques.
Le conseil des gouverneurs doit se réunir lundi, avait annoncé dès vendredi dans la presse autrichienne le gouverneur de la Banque d'Autriche Ewald Nowotny. Mais sans perspective d'accord d'Athènes avec ses créanciers, "la BCE n'a pas de base pour continuer à envoyer des euros à Athènes", estimait Holger Schmieding, économiste de Berenberg.
Dans cette situation confuse et dangereuse, le Premier ministre de gauche radicale Syriza pouvait au moins se féliciter d'avoir remporté le pari du référendum, cinq mois après sa victoire confortable aux législatives de janvier.
La question posée aux Grecs était, en substance, approuvez-vous la proposition de réformes mise sur la table le 25 juin par les créanciers du pays (FMI, UE, BCE)?
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