Pour la première fois à Cuba, des réseaux wifi payants sont proposés au public. Mais l'accès à la toile demeure coûteux et donc hors de portée de la plupart des Cubains.
Un vent de liberté souffle depuis cette semaine sur la rue "23", artère populaire de la capitale où le monopole national des télécommunications Etecsa a installé plusieurs émetteurs wifi sur les façades des immeubles. Un système inédit, s'étendant sur quatre blocs, soit 400 mètres.
Avec leurs ordinateurs et smartphones souvent anciens, quelques dizaines de jeunes bien mis bravent la chaleur estivale de cette salle internet en plein air pour communiquer avec leurs amis et proches à l'étranger.
Avant de pouvoir se connecter à Facebook ou Whatsapp, ces jeunes doivent d'abord créer un compte sur le service public de messagerie internet "Nauta" pour 1,50 dollar (peso convertible à parité avec le dollar). Ensuite ils achètent une carte leur permettant de surfer en ligne pendant une heure : 2 dollars.
Soit un total de 3,50 dollars comme investissement initial. Autant dire que la nouveauté ne satisfait que les plus fortunés dans un pays où le salaire moyen ne dépasse pas 20 dollars.
Toutefois, avant le 1er juillet, on ne pouvait avoir accès à l'internet sans fil que dans des salles de navigation officielles, ouvertes en 2013, pour 4,50 dollars l'heure. Dans des hôtels, les tarifs peuvent dépasser 10 dollars de l'heure.
-"Cinq ou six sur la même connexion"-
Une fois par semaine, les parents de Cristobal Echeuarria lui donnent de quoi se connecter. Astucieux, ce jeune de 18 ans partage souvent le prix de la connexion avec un ami. "On peut être jusqu'à cinq ou six sur la même connexion", précise-t-il.
Cristobal explique qu'il se connecte "surtout pour parler avec des potes cubains à Miami" via Inbox, la messagerie instantanée de Facebook. En effet sur l'île, le fameux réseau social sert davantage de pont virtuel vers l'étranger que d'outil de communication quotidien.
"C'est super rare qu'on utilise les groupes Facebook entre nous" pour organiser des activités ou travailler, observe ainsi Cristobal. A quoi bon puisque, à Cuba, à peine 3,4% des foyers disposaient d'un accès au réseau en 2013, selon l'Union internationale des télécommunications (UIT).
Pour autant, Cristobal ne semble pas perdu sur la toile. Facebook pour prendre des nouvelles, Soundcloud pour la musique Et les boutiques de vêtements en ligne pour le shopping. Du fait de l'embargo américain, les Cubains ne peuvent avoir de carte de crédit Visa ou Mastercard ni se faire livrer sur l'île, mais Cristobal a trouvé la parade.
"Je prends en photo le t-shirt que j'aime et je l'envoie à une amie qui pourra l'acheter et me le donner lorsqu'elle rentrera à Cuba", détaille-t-il.
- La censure encore présente -
Ces internautes d'un jour ne sont pas tous des jeunes issus de milieux favorisés. Informaticien payé 20 dollars par mois, Karel Diaz doit ménager son temps de connexion. "Je me connecte trois fois par mois, entre dix et quinze minutes", précise-t-il.
Pour Ramon Garcia également, les minutes en ligne sont précieuses. D'ailleurs, cet élégant coiffeur ne cache pas son agacement lorsque la connexion se fait plus lente. Le trentenaire se rabat alors sur des conversations privées.
D'autres se plaignent du nombre encore trop faible d'espaces wifi ouverts cette semaine (35 sites dans 16 villes du pays). "J'habite très loin, et je dois venir jusqu'ici pour me connecter", témoigne Rigoberto Diaz.
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