Après cinq ans d'austérité, les Grecs tiraillés entre fatigue de la rigueur et attachement à l'Europe se préparent à un référendum au résultat imprévisible et lourd de conséquences pour leur avenir dans la zone euro et la survie du gouvernement de gauche radicale.
La campagne pour le vote de dimanche, aussi brève qu'exaltée chez les partisans du oui et du non au coude à coude dans les sondages, a laissé place à l'attente samedi, quelques heures après les mobilisations massives de chaque camp dans le centre d'Athènes.
L'économie est au ralenti depuis la fermeture des banques, lundi, et l'imposition d'un strict contrôle des capitaux, prévu jusqu'au surlendemain du référendum.
Le gouvernement du Premier ministre Alexis Tsipras tente de couvrir les voix qui s'inquiètent du risque de prolongement de ces dispositions inédites, ou d'une escalade des restrictions.
Pavlos, un retraité 72 ans, interrogé devant une banque d'Athènes, voyait les choses en "noir, très noir": "Là il y a de l'argent mais la semaine prochaine il est probable qu'il n'y en aura pas. Comment feront les gens pour la vie quotidienne? On ne sait pas".
Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis s'est fendu dans la nuit de vendredi à samedi d'un tweet, appuyé par un communiqué du ministère, dénonçant la "rumeur malveillante" d'un article du Financial Times selon lequel les épargnants grecs riches de plus de 8.000 euros en banque pourraient se voir prélever 30% de leurs dépôts pour renflouer les banques du pays.
Peu porté sur l'euphémisme, le ministre revenu sur le devant de la scène ces dernières semaines, a accusé samedi les créanciers UE et FMI du pays de "terrorisme", d'avoir contraint le gouvernement grec à fermer les banques, et de vouloir "humilier les Grecs", dans un entretien au quotidien espagnol El Mundo.
- Risque politique, risque économique -
Vendredi soir, Yanis Varoufakis était tout sourire parmi plus de 25.000 partisans du "Oxi" (non) au référendum massés devant le parlement pour entendre Alexis Tsipras tenter de galvaniser une dernière fois ses compatriotes, les appelant à rejeter les mesures d'austérité des créanciers pour "vivre avec dignité en Europe".
Les supporteurs du "Nai" (oui) étaient presque aussi nombreux, selon la police, rassemblés de l'autre côté du parlement, devant le stade de marbre des Jeux Olympiques de 1896, noyés sous les drapeaux grecs et les bannières bleues à étoiles de l'Union Européenne.
Dans les intentions de vote, ces derniers sont donnés gagnants d'une courte tête: sur les quatre ultimes sondages publiés, trois donnent l'avantage au oui avec une faible avance de 0,4 à 0,6 point; un sondage place le non en tête de 0,5 points.
Le pourcentage d'indécis reste élevé, à l'image des tiraillements de la société grecque face au choix qui porte autant sur l'avenir des relations du pays avec la zone euro que sur la stabilité du gouvernement.
Pour l'exécutif emmené par la gauche radicale Syriza, une victoire du oui serait un désaveu et pourrait ouvrir une période d'instabilité politique, que l'économie et le système bancaire du pays ne peuvent se permettre, même pour une courte durée. Et à moyen terme, une nouvelle cure d'austérité attendrait la Grèce, assure Syriza.
Une victoire du non dimanche provoquerait un "saut dans l'inconnu", selon la plupart des observateurs, même si le gouvernement Tsipras promet un accord dans les jours suivants, fort du soutien des électeurs. Tout dépendra notamment de l'attitude des partenaires européens, dont le front est loin d'être uni.
"Si les Grecs votent non, la position grecque sera considérablement affaiblie", avait mis en garde vendredi le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Mais le président du Conseil européen, Donald Tusk, a appelé l'UE à ne pas dramatiser un possible non grec.
Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a assuré que même en cas de victoire du oui, la reprise des négociations "prendrait un moment", loin des certitudes de Yanis Varoufakis "complètement et absolument convaincu", que "quel que soit le résultat du référendum, le lundi il y aura un accord" car "l'Europe a besoin d'un accord et la Grèce a besoin d'un accord".
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