Le Premier ministre grec Alexis Tsipras s'est efforcé vendredi de galvaniser ses compatriotes, les appelant à dire non pour "vivre avec dignité en Europe", alors que le oui semblait progresser avant le référendum crucial de dimanche.
Le Premier ministre a rejoint en début de soirée le rassemblement des partisans du non, fendant la foule de plus de 25.000 personnes massée sur la place Syntagma, devant le Parlement à Athènes.
"Nous fêtons la victoire de la démocratie, la Grèce envoie un message de dignité, personne n'a le droit de menacer de diviser l'Europe", a lancé M. Tsipras sous les acclamations.
"Nous avons le droit de décider pour nous-mêmes", soutenait une manifestante, Katerina, 51 ans, interrogée par l'AFP. "Les mesures d'austérité qu'on nous a imposées nous ont menés à une situation encore pire".
Au même moment, plus de 22.000 partisans du oui se rassemblaient devant le stade où ont eu lieu en 1986 les premiers jeux Olympiques modernes, reprenant des slogans en faveur de l'Union européenne dans une mer de drapeaux grecs. "Le oui va donner un meilleur avenir à nos enfants", a assuré à la tribune le présentateur vedette Nikos Aliagas.
Pour la première fois, un sondage (de l'institut Alco) donnait vendredi l'avantage au oui, crédité de 44,8% des voix alors que le non recueillait 43,4%.
Mais un autre sondage, réalisé pour Bloomberg par l'Université de Macédoine, montrait un très léger avantage du non avec 43%, contre 42,5% pour le oui.
"Ce référendum a coupé la société grecque en deux groupes qui ont une compréhension différente de la question posée", a relevé le responsable de ce sondage, Nikos Marantzidis, professeur de sciences politiques à l'Université de Macédoine, cité par Bloomberg.
Avec une victoire du non, Alexis Tsipras se verrait "mieux armé" pour repartir à la table des négociations avec les créanciers (UE, BCE, FMI), qui d'ailleurs, selon le ministre des Finances Yanis Varoufakis, ont continué en coulisses cette semaine, avec "un accord plus ou moins scellé".
- Deux lectures -
Mais l'instauration forcée d'un contrôle du crédit pour parer à un début de panique bancaire, et les discours de plus en plus anxiogènes des créanciers, ont convaincu de nombreux Grecs que l'enjeu était bien, comme les créanciers le disent, la sortie de l'euro auquel, selon Alco, 74% d'entre eux sont attachés.
"Si les Grecs votent non, la position grecque sera considérablement affaiblie", a de nouveau affirmé vendredi le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a quant à lui relativisé, conseillant d'éviter les "messages dramatiques".
Mais le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a une nouvelle fois critiqué le gouvernement de M. Tsipras, qui selon lui "ne veut aucun programme de réformes".
"J'étais dès le début très sceptique quant à un résultat des discussions avec le gouvernement d'Athènes. Que ce scepticisme soit finalement confirmé ne m'étonne pas vraiment", a déclaré M. Schäuble au quotidien allemand Bild.
Dans l'après-midi, Alexis Tsipras a réclamé une baisse de 30% du montant de la dette grecque et "un délai de grâce" de 20 ans pour son remboursement.
M. Tsipras s'appuie sur un allié de poids, le FMI, qui a publié jeudi un rapport explosif appelant les Européens à de gros efforts sur la dette grecque (176% du PIB), dont ceux-ci ne veulent pour l'instant pas entendre parler.
Le Premier ministre grec a aussi de nouveau appelé le peuple à ne pas céder "aux ultimatums, au chantage et à la campagne de la peur".
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