Un supermarché Lidl a été "saccagé" à Quimper dans la nuit de jeudi à vendredi, lors de "La nuit de la détresse" où des éleveurs ont manifesté contre la stagnation des prix à la production qui se poursuit, a-t-on appris vendredi auprès de la préfecture du Finistère.
Une cinquantaine de personnes ont pénétré dans le supermarché, dont le rideau de fer a été forcé, et ont "saccagé les terminaux de paiement", a déclaré à l'AFP le directeur de cabinet de la préfecture du Finistère, Jean-Daniel Montet-Jourdran.
Ils ont également mis le feu à du charbon de bois "à l'intérieur et à l'extérieur" du supermarché, où la suie "a rendu tous les produits impropres à la consommation", a-t-il précisé.
Les policiers, qui n'étaient pas assez nombreux, n'ont pu empêcher les agriculteurs d'agir. Il n'y a eu aucune interpellation.
"C'est un véritable désastre. Quimper est notre plus gros magasin de l'Ouest de la France, il va être fermé pendant plusieurs jours voire semaines. Cela va nous coûter des millions d'euros pour tout remettre en état, sans compter le manque à gagner", a expliqué le responsable des achats de Lidl France, Michel Biéro, à l'AFP.
"Après, on comprend parfaitement la colère des agriculteurs, c'est inacceptable ce qu'ils vivent. Mais cette colère n'est pas tournée vers les bonnes personnes. Lidl a respecté tous ses engagements et a bien revalorisé tous ses prix depuis le 22 juin", a-t-il affirmé.
"Ce sont les industriels transformateurs qui ne jouent pas le jeu. Nous on leur paye 10 centimes de plus sur chaque produit depuis deux semaines, et les éleveurs n'en ont reçu que deux. Les industriels se font du gras sur notre dos et c'est sur nous que s'abat la colère des éleveurs alors que nous avons tenu nos engagements, donc je suis aussi un peu énervé, je dois l'avouer", a témoigné M. Biéro.
Environ 300 agriculteurs ont manifesté à Quimper jeudi soir, dans le cadre de la "nuit de la détresse" des éleveurs.
En fin de soirée ils étaient encore 150, a constaté l'AFP. Deux véhicules de police ont été endommagés à Quimper, a indiqué à l'AFP le préfet du Finistère, Jean-Luc Videlaine: l'un a été renversé et l'autre a eu une vitre cassée.
Un camion transportant du lait a également été arrêté et vidé de sa cargaison à proximité de l'entreprise Entremont, a ajouté le préfet du Finistère, en soulignant que "deux très importants brasiers" ont été allumés, sur la chaussée à proximité de cette société et dans sa cour, "alimentés par des pneus volés à un marchand de pneus" voisin.
Plusieurs milliers d'agriculteurs, éleveurs et producteurs de lait, ont manifesté jeudi dans toute la France mais principalement dans l'Ouest à l'appel de la FNSEA et des JA (Jeunes Agriculteurs) pour dire leur "ras-le-bol" face à l'absence de remontée des prix.
En Ille-et-Vilaine, une trentaine de sites, essentiellement des grandes et moyennes surfaces, mais aussi des laiteries et des abattoirs, ont fait l'objet d'actions d'éleveurs, qui étaient environ un millier sur Rennes et 150 à Saint-Malo, a indiqué la préfecture du département vendredi matin.
Dans le Morbihan, environ 130 tracteurs et 450 agriculteurs ont été recensés jeudi soir lors des manifestations. Vers 01h00 une quinzaine de tracteurs se sont rendus sur le parking d'un magasin Leclerc de Vannes où ils ont arraché des arbres, dégradé des abris de caddie et allumé des feux de pneus, a indiqué la préfecture du département.
Par ailleurs, une centaine d'agriculteurs ont manifesté vendredi matin à Alençon, démontant partiellement la grille de la préfecture, a constaté un correspondant de l'AFP. Les éleveurs, qui ont manifesté pendant environ deux heures, ont également muré pendant une demi-heure l'entrée piétons de la préfecture, avec des parpaings et du ciment, et déversé du fumier et de la paille dans la cour de la préfecture.
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