L'avion Solar Impulse 2, qui fonctionne uniquement à l'énergie solaire, avait largement battu jeudi le record mondial de vol en solitaire lors d'une étape de son tour du monde entre le Japon et Hawaï, mais son pilote épuisé doit encore tenir 24 heures.
A 18H00 GMT jeudi, l'homme d'affaires et pilote Suisse André Borschberg avait déjà accumulé 96 heures de vol consécutives, soit plus de quatre jours, battant de loin le précédent record établi en 2006 par Steve Fossett, qui avait volé pendant 76 heures et 45 minutes (un peu plus de trois jours).
L'avion pionnier avait parcouru 85% du trajet entre l'archipel nippon et l'Etat américain tropical, qui doit durer a priori environ 120 heures. Cela représente 7.004 km déjà avalés, d'après un tweet du compte @solarimpulse, avec encore 1.167 km devant lui.
Les derniers tweets d'André Borschberg, qui datent de 16H00 GMT environ, laissaient peu de doute sur son état d'épuisement: "je deviens fatigué. Avec , on ne peut pas tricher".
Deux heures plus tôt il écrivait déjà: "je lutte, c'est difficile Gérer le niveau d'énergie n'est pas facile. Je dois trouver une ouverture dans le front froid".
Le dernier tweet de la mission de contrôle (MCC) du projet d'avant-garde laissait entendre que les derniers kilomètres seraient particulièrement périlleux: "Dernières nouvelles: #PACIFIQUE: @andreborschberg est fatigué. Avec des turbulences à 2.400 m d'altitude et un front froid".
"La MCC et l'équipe solaire travaillent dur pour évaluer la situation et aider André Borschberg pendant cette période stressante".
L'aviateur fait des siestes de 20 minutes seulement pour pouvoir garder le contrôle de son engin expérimental. Il est équipé d'un parachute et d'un canot de sauvetage au cas où son avion s'écraserait dans le Pacifique.
Mercredi, le Solar Impulse 2, avait franchi un obstacle important avec le passage d'un front froid allant approximativement de Taïwan à l'Alaska. Ce front était jugé si dense que Solar Impulse avait reporté plusieurs fois son départ du Japon, où il s'était posé le 1er juin, passant près d'un mois à attendre un temps clément.
L'avion, qui avait aussi dû patienter auparavant un mois en Chine, était parti le 9 mars d'Abou Dhabi pour un tour du monde, le premier d'un avion propulsé par l'énergie solaire, de 35.000 km destiné à promouvoir l'usage des énergies renouvelables.
L'avion dont les ailes sont couvertes de cellules photovoltaïques, charge ses batteries la journée et marche à l'énergie électrique accumulée la nuit.
André Borschberg est seul dans la cabine non pressurisée de 3,8 m3. Volant à des altitudes allant jusqu'à 9.000 m, il doit utiliser des bouteilles d'oxygène pour respirer, et il doit subir de grandes variations de températures à travers une même journée.
Le pilote s'est minutieusement préparé à cette épreuve d'endurance, de même que le copilote, Bertrand Piccard, qui vole en alternance sur le Solar Impulse.
Ce psychiatre, qui vient d'une famille d'explorateurs, a déjà réalisé le premier tour du monde en ballon sans escale.
"Le but est de se sentir à l'aise pour être capable d'accepter mentalement, et même d'aimer, être dans ce cockpit durant une période aussi longue", a raconté André Borschberg.
"J'utilise des techniques de yoga et de méditation, et mon partenaire d?auto-hypnose, pour nous détendre", avait-il précisé.
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