Les deux soldats des forces spéciales françaises soupçonnés d'attouchements sur deux petites filles au Burkina Faso sont arrivés jeudi matin en France et ont été aussitôt placés en garde à vue.
"Les deux soldats sont en France pour répondre de leurs actes et y être jugés", a lancé le président François Hollande, au cours de l'étape béninoise de sa tournée africaine.
"Les informations connues rendent très vraisemblables les faits qui leur sont reprochés", a dit de son côté à la presse le porte-parole du ministère de la Défense, Pierre Bayle, rappelant "la suspension immédiate" des deux militaires.
Transportés par avion de ligne, ils ont atterri vers 06H00 à Paris et sont depuis interrogés dans les locaux de la gendarmerie, selon une source proche du dossier.
Leur garde à vue intervient dans le cadre de l'enquête de flagrance ouverte mardi par le parquet de Paris pour agression sexuelle sur mineurs, après un signalement du ministère de la Défense.
Avant leur rapatriement, les deux militaires avaient déjà été entendus mercredi par les gendarmeries française et burkinabé à Ouagadougou.
Ils étaient dans ce pays d'Afrique de l'Ouest pour participer à l'opération antiterroriste "Barkhane", lancée début août au Sahel et conduite par l'armée française.
Les deux hommes sont soupçonnés d'avoir commis dimanche des attouchements sur deux fillettes franco-burkinabé de trois et cinq ans dans la piscine d'un hôtel de Ouagadougou, selon une source française proche du dossier.
Selon les premiers éléments de l'enquête, la mère de la plus jeune serait allée se baigner dans cette piscine, où elle aurait lié conversation avec les deux soldats, âgés de 36 et 38 ans, avant de les convier à son domicile pour boire un verre.
L'un des deux hommes y aurait oublié sa caméra portative. La mère aurait alors visionné les images, des scènes filmées sous l'eau, et vu des attouchements auxquels l'un des soldats se serait livré sur les fillettes.
- "Tolérance zéro" -
Elle se serait alors rendue à l'ambassade de France pour y montrer le film et dénoncer les faits, selon la source proche du dossier.
Les deux hommes ont été suspendus dès mardi par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
"Ces faits sont graves, le ministère de la Défense sera ferme", a insisté jeudi son porte-parole. "C'est la tolérance zéro, sans aucune indulgence. La criminalité sexuelle () porte atteinte à l'image des militaires dont l'honneur est précisément d'être engagés au service de la paix et de la protection des populations."
La réaction quasi-instantanée des autorités françaises tranche avec la lenteur observée dans le scandale des viols présumés en Centrafrique, dont sont soupçonnés 14 militaires français.
M. Le Drian, informé dès juillet 2014 de ces accusations par les Nations unies, avait certes saisi la justice française et lancé une enquête interne, comme au Burkina Faso, mais sans dévoiler l'affaire. Ce silence lui a été reproché lorsque le scandale a éclaté fin avril dans les colonnes du quotidien britannique The Guardian.
Parmi les 14 soldats mis en cause en Centrafrique par des témoignages de six enfants de neuf à treize ans, trois ont été identifiés.
Jusqu'à ce jour, ces trois militaires, qui ont depuis quitté le pays d'Afrique centrale, n'ont pas été sanctionnés et restent dans l'attente des conclusions de la justice française.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.