De la névrose au déni de grossesse, la prise en compte des troubles psychiques de Dominique Cottrez est la clé pour comprendre celle qui a étranglé à mort huit nourrissons qu'elle venait de mettre au monde, ont plaidé ses avocats jeudi.
"Si cette femme prenait du plaisir, on n'aurait pas retrouvé les corps. Elle les conserve dans ce mécanisme du psychisme qui est complètement prisonnier. Elle se lève la nuit en hiver, pour aller couvrir les corps d'une couverture", tonne Me Frank Berton. "Mais tout va bien!", conclut-il ironiquement.
Au lendemain d'un réquisitoire où le ministère public, qui a demandé 18 ans de réclusion, s'était employé à éteindre les passions, demandant aux jurés de comprendre mais pas d'excuser, les avocats de la défense sont à nouveau mis l'accent sur la "détresse" d'une femme dominée par une "pathologie".
"On vous a dit +Gardez vos distances () et essayez de ne pas oublier la présence des bébés+. On est tout de même aux antipodes de ce qui a été demandé par les experts psychiatriques", a lancé Me Marie-Hélène Carlier au jury.
"Jugez-la selon sa pathologie, selon ce qu'elle est!", a plaidé l'avocate, rappelant que dans d'autres pays comme en Finlande, en Suisse ou au Royaume-Uni les peines pour les femmes commettant des néo-naticides après un déni de grossesse se réduisaient parfois à de la prison avec sursis.
Me Carlier s'en prend aux autres, au regard des autres surtout.
A l'avocat général, à qui elle reproche d'être "dans le déni du déni". Et puis elle remonte dans le temps. Elle pointe Dominique Cottrez: "Regardez-la, elle est pitoyable!"
"L'obésité c'est quelque chose qu'on ne pardonne pas", et cette obésité a décidé du destin de Dominique Cottrez, depuis son enfance, enfant non désirée, surnourrie par sa mère.
Le premier accouchement? "Ce qui devait être le plus beau jour de sa vie va se transformer en catastrophe monumentale. Ca l'a détruite", rappelle Me Carlier.
La faute à la sage-femme, qui lui reproche son surpoids, au mari Pierre-Marie Cottrez, qui ne s'inquiète pas de l'état de sa femme après le premier enfant.
En 1990, lorsque Dominique Cottrez commet son premier infanticide, elle n'a même pas 26 ans, rappelle Me Berton. "Vous n'avez pas voulu le droit au pardon, le droit à l'oubli", rappelle l'avocat, qui n'a pas obtenu gain de cause sur la prescription.
Sur la répétition, l'avocat explique: "Les experts sont venus nous dire qu'il n'y a rien de diabolique, c'est mécanique. Vous devez l'entendre".
"Je comprendrais d'être condamné. On n'a jamais plaidé l'innocence, on a plaidé une détresse. Vous croyez qu'elle présente un danger, quand on vous demande de la juger pour ce qui s'est passé il y a un quart de siècle?", s'interroge Me Berton.
A l'issue des plaidoiries, Dominique Cottrez s'est levée, et a demandé pardon: à ses deux filles, à ses frères et soeurs, et le reste s'est perdu dans les larmes.
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