Deux membres des forces spéciales françaises, unité d'élite de l'armée, soupçonnés d'attouchements sur deux fillettes au Burkina Faso où ils participaient à l'opération antiterroriste "Barkhane", sont attendus incessamment en France pour y être entendus par la justice.
La rapide réaction des autorités françaises tranche avec la lenteur et l'opacité observées lors d'un précédent scandale de même nature en Centrafrique, où des soldats français ont été accusés de viols sur mineurs.
Au Burkina, les victimes présumées des deux militaires sont deux fillettes de trois et cinq ans, à la double nationalité franco-burkinabè. Elles auraient subi ces attouchements dimanche dans une piscine d'hôtel de Ouagadougou, a expliqué une source proche du dossier.
Cette affaire survient deux semaines avant le défilé militaire annuel du 14 juillet - la fête nationale - à Paris, auquel doivent prendre part les forces spéciales, dotées d'une forte aura depuis notamment leur intervention au Mali en 2013.
"C'est inadmissible", car "les forces françaises sont engagées dans une lutte contre le terrorisme, () sont là pour protéger les populations. C'est l'image de l'armée, c'est l'image de la France" qui sont écornées, a réagi mercredi le porte-parole du gouvernement français, Stéphane Le Foll.
Selon les premiers éléments de l'enquête, la mère de la plus jeune fille serait allée se baigner dans cette piscine, où elle aurait lié conversation avec les deux soldats, âgés de 36 et 38 ans. Elle les aurait alors conviés à son domicile pour boire un verre.
L'un des deux hommes y aurait oublié sa caméra portative de type GoPro. La mère aurait visionné les images, des scènes filmées sous l'eau, et vu des attouchements auxquels un des soldats se serait livré sur les fillettes.
Elle se serait alors rendue à l'ambassade de France pour y montrer le film, "assez long", et dénoncer les faits, selon la source proche du dossier. Les images auraient ensuite été visionnées par le père de l'autre petite fille.
- Détermination 'à sanctionner' -
Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a rendu l'affaire publique dès mardi soir et immédiatement suspendu les deux suspects. Il a aussi saisi la justice française, qui a ouvert une enquête préliminaire pour agressions sexuelles sur mineurs.
"Des contacts ont été pris avec la justice burkinabè pour que le rapatriement se fasse rapidement et que la justice agisse", a précisé Stéphane Le Foll.
Le ministre de la Défense "ne va pas perdre de temps. Il a dit de manière très claire qu'il est déterminé à sanctionner ceux qui se comportent de cette manière", a ajouté le porte-parole. "Les faits sont assez clairs () Cela a été vite parce que les faits ont été dénoncés et la plainte déposée".
Environ 220 militaires français sont stationnés au Burkina Faso dans le cadre de l'opération "Barkhane", pour laquelle 3.000 hommes au total sont déployés dans cinq pays du Sahel (Mauritanie, Mali, Tchad, Burkina Faso, Niger) pour combattre les jihadistes qui y sévissent. Les commandos des forces spéciales, unité phare de l'armée française dont le développement doit être privilégié dans les années à venir, sont basés à Ouagadougou.
La décision de rendre l'affaire publique et la suspension immédiate des deux soldats sont aux antipodes du traitement réservé au premier scandale de viol sur mineurs en Centrafrique, qui avait déjà entaché il y a deux mois l'image de l'armée française.
Selon une source judiciaire, 14 militaires français ont été mis en cause dans ce pays, dont trois sont identifiés, par les témoignages de six enfants de neuf à 13 ans qui ont dénoncé des faits commis entre fin 2013 et début juin 2014.
Jean-Yves Le Drian, informé dès juillet 2014 de ces accusations par les Nations unies, avait alors saisi la justice française et lancé une enquête interne, comme au Burkina Faso, mais il n'avait pas dévoilé l'affaire. Ce silence lui fut reproché lorsque le scandale éclata fin avril dernier dans les colonnes du quotidien britannique The Guardian.
Jusqu'à ce jour, les trois militaires identifiés, qui ont depuis quitté la Centrafrique, n'ont pas été sanctionnés et restent dans l'attente des conclusions de la justice française.
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