Après après un demi-siècle d'isolement du régime communiste, le président américain Barack Obama a annoncé mercredi le rétablissement des relations diplomatiques avec Cuba, saluant "un nouveau chapitre" dans les relations entre deux pays séparés seulement par le détroit de Floride.
"Cela a pris du temps mais l'heure est venue", a lancé M. Obama dans les jardins de la Maison Blanche, rappelant - pour mieux souligner qu'il était temps de tourner la page - que les relations diplomatiques avaient été suspendues par Dwight Eisenhower en 1961, année de sa naissance.
Dans une lettre lue presque au même moment à la télévision nationale, son homologue cubain Raul Castro confirmait la réouverture prochaine d'ambassades à La Havane et Washington, son gouvernement évoquant une date à partir du 20 juillet.
En annonçant cette étape historique, M. Obama consolide, à 18 mois de son départ de la Maison Blanche, une des initiatives majeures de sa politique étrangère.
Mettant en avant l'"enthousiasme" suscité par cette initiative aux Etats-Unis et à travers le monde, depuis l'annonce faite en décembre, M. Obama a annoncé que le secrétaire d'Etat John Kerry se rendrait au cours de l'été à La Havane pour "hisser fièrement le drapeau américain sur notre ambassade".
L'exécutif américain a, à plusieurs reprises, évoqué la possibilité d'une visite de M. Obama à Cuba en 2016 mais aucune date n'a été annoncée à ce stade.
Depuis 1977, les deux pays sont chacun représentés par le biais de Sections d'intérêt, chargées essentiellement de tâches consulaires.
En visite à la Maison Blanche mardi, la présidente brésilienne Dilma Rousseff, avait salué ce rapprochement avec Cuba, y voyant "étape cruciale dans les relations entre les Etats-Unis et l'Amérique latine" permettant "de mettre fin aux derniers vestiges de la Guerre froide".
"L'avancée d'aujourd'hui démontre une nouvelle fois que nous ne sommes pas prisonniers du passé: quand quelque chose ne fonctionne pas, nous pouvons changer", a souligné M. Obama.
- "Prêts à aller de l'avant" -
Promettant de rester vigilant et exigeant avec La Havane sur la question des droits de l'homme, le 44e président des Etats-Unis a appelé à poursuivre la normalisation engagée, demandant au Congrès de lever l'embargo, imposé à Cuba par John F. Kennedy en 1962 et sévèrement renforcé par la loi Helms-Burton de 1996.
Toujours en vigueur, cet embargo américain total sur les transactions économiques et financières avec Cuba est régulièrement dénoncé par La Havane comme un obstacle au développement de l'île.
"Les Américains et les Cubains sont prêts à aller de l'avant. Je pense qu'il est temps pour le Congrès de faire de même", a souligné M. Obama, jugeant nécessaire de lever les restrictions qui empêchent les Américains de voyager ou de faire du commerce avec Cuba.
Les deux chambres du Congrès étant contrôlées par les adversaires républicains de M. Obama, le processus législatif s'annonce long et semé d'embuches.
La nomination d'ambassadeurs permettra d'améliorer les relations, mais "la normalisation est un autre sujet", a d'ores et déjà averti le président cubain Raul Castro.
"Bonne étape pour les peuples américain et cubain", a réagi sur Twitter Hillary Clinton, candidate démocrate à la Maison Blanche.
Mais cette avancée est loin de faire l'unanimité aux Etats-Unis dans le camp républicain.
Le candidat à la Maison Blanche et ex-gouverneur de Floride Jeb Bush a estimé qu'une ambassade américaine à La Havane légitimerait "la répression à Cuba" et ne permettrait pas de promouvoir "la liberté et la démocratie".
Marco Rubio, autre républicain candidat à la présidence, a vivement dénoncé cette nouvelle étape dans le rapprochement, soulignant qu'il s'opposerait, au Sénat, à la confirmation d'un ambassadeur lorsqu'un nom aura été proposé par M. Obama.
Né à Miami de parents cubains, le sénateur de Floride, qui est vent debout contre l'initiative diplomatique du président démocrate, appelle "à mettre un terme aux concessions unilatérales à ce régime odieux".
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