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Paris (AFP). Attentat en Isère: Yassin Salhi mis en examen

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Paris (AFP). Attentat en Isère: Yassin Salhi mis en examen
Le site d'Air Products le 29 juin 2015 à Saint-Quentin-Fallavier - AFP
Quatre jours après l'assassinat de son patron et l'attaque d'un site gazier en Isère, Yassin Salhi a été mis en examen mardi soir dans une enquête qui s'oriente bien vers un acte terroriste islamiste, bien que le suspect réfute cette dimension. Conformémement aux réquisitions du parquet, le chauffeur-livreur de 35 ans a été placé en détention provisoire, après avoir été mis en examen notamment pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste, enlèvement et séquestration en vue de préparer un assassinat, destruction ou dégradation, et violences volontaires. A l'inverse d'un Mohamed Merah ou plus récemment des frères Kouachi ou d'Amédy Coulibaly, qui avaient proclamé avant leur mort leur affiliation à l'islamisme le plus radical, Salhi a contesté en garde à vue toute motivation religieuse. Mais pour la justice, le patron de son entreprise de transport, Hervé Cornara, qu'il a avoué avoir tué, est bien une nouvelle victime du terrorisme islamiste, six mois après les attentats de Paris et deux mois après l'assassinat d'Aurélie Chatelain dans un parking de Villejuif (Val-de-Marne). L'attentat perpétré vendredi à Saint-Quentin-Fallavier (Isère) "correspond très exactement aux mots d'ordre de Daech", l'autre nom de l'organisation jihadiste Etat islamique (EI), a ainsi estimé mardi le procureur de Paris François Molins, notamment par la volonté de Salhi de "donner à son acte une publicité maximale". Le crime a été entouré d'un symbolisme macabre qui rappelle les mises en scène de l'EI dans les zones de jihad en Irak et Syrie. Après avoir été assommé d'un coup de cric puis étranglé d'une main, Hervé Cornara a été décapité à l'aide d'un couteau doté d'une lame de 20 cm. Fixée à un grillage de l'usine de gaz industriels où Salhi se rendait régulièrement pour le compte de sa société de transport et qu'il a tenté de faire sauter, la tête était encadrée de deux drapeaux frappés de la chehada, la profession de foi musulmane. Quand il a été maîtrisé par des pompiers, Salhi, connu depuis le milieu des années 2000 comme appartenant à la mouvance salafiste radicale, a crié "Allah akbar". - La "mémoire sélective" de Salhi - Les enquêteurs ont retrouvé dans son portable un selfie macabre avec la tête de sa victime, envoyé à un homme qu'il connaît depuis 2006 et qui combattrait dans les rangs de l'EI en Syrie, a ajouté le procureur. Salhi était d'ailleurs "visiblement régulièrement en relation" avec ce Français, Yunes-Sébastien V.-Z., qui selon un "témoignage indirect" aurait "demandé l'autorisation à l'EI de diffuser ces clichés", selon des éléments de l'enquête relatés par M. Molins. "Tout son comportement démontre que dès la veille au soir il avait conçu son projet criminel terroriste", assure le procureur. Sur ces points, Salhi s'est montré peu disert en garde à vue. Faisant preuve d'une "mémoire sélective", selon François Molins, il dit ne pas se souvenir d'avoir mis en scène la tête de sa victime. Il attribue son geste à un différend professionnel avec M. Cornara, marqué notamment par une vive altercation deux jours avant les faits. "Il dit, c'est +parce que j'ai été humilié, j'ai fait ce que je devais faire+", a rapporté à l'AFP un avocat qui l'a assisté, Michel Kohn, expliquant que la mise en scène visait à "créer un choc", "à la mesure de l'humiliation subie". Une source proche du dossier évoque des motifs sans doute "hybrides" chez Salhi, qui a aussi évoqué des difficultés conjugales. Selon une autre source proche du dossier, il pourrait connaître plusieurs des quelque 500 personnes parties de France et actuellement dans les zones de jihad. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé vouloir "resserrer le dispositif de surveillance" sur le terrain des radicaux susceptibles de passer à l'acte, dont les informations seraient centralisées par un nouvel "état-major opérationnel pour la prévention du terrorisme" associant renseignement, police, gendarmerie. Et le gouvernement s'est dit prêt à fermer des mosquées soupçonnées de sympathies avec les visées jihadistes.

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