Dans l'incapacité de rembourser à temps le FMI et à quelques heures de l'expiration du programme d'aide européen, la Grèce a soudainement demandé mardi deux ans d'aide supplémentaire à l'Europe et la reprise des négociations, créant la confusion parmi ses créanciers.
Cette demande surgit à cinq jours d'un référendum sur les dernières propositions mises sur la table par les créanciers (UE, BCE, FMI) le 25 juin, que le gouvernement d'Alexis Tsipras a demandé aux Grecs de sanctionner d'un "puissant non".
Dans un communiqué intitulé "requête au MES" (mécanisme européen de stabilité), le gouvernement de la gauche radicale d'Alexis Tsipras affirme souhaiter "rester à la table des négociations" en dépit du référendum.
Athènes demande plus particulièrement un accord sur deux ans "pour la couverture complète de ses besoins financiers et la restructuration de la dette", cette dernière demande étant récurrente chez les Grecs.
Les Européens ont jusqu'à maintenant toujours refusé une restructuration de la dette grecque dont ils détiennent la majorité, alors que le FMI y est favorable, soutenant que c'est la seule solution pour aider à la reprise en Grèce.
Dans la foulée, une téléconférence des ministres des Finances de la zone euro a été convoquée à Bruxelles à 17H00 GMT pour examiner la proposition grecque.
Le communiqué grec ne donne aucun détail sur le contenu du nouveau plan d'assistance réclamé, alors que celui en cours depuis 2012 expire mardi à minuit pour sa partie européenne et que le pays perdra à ce moment-là l'accès à 16 milliards euros d'aides en tout genre (prêts, bénéfices sur les obligations détenues par la BCE, fonds pour les aides).
"Le gouvernement grec cherchera jusqu'au bout à obtenir une solution viable à l'intérieur de l'euro", ajoute le communiqué des services du Premier ministre. Selon ce texte, c'est le sens du référendum de dimanche qui doit envoyer le "message du +Non+ à un mauvais accord", mais sans exclure qu'un bon arrangement soit trouvé d'ici là.
Athènes a de longue date déclaré qu'elle souhaitait un accord en trois volets: échange des 27 milliards d'obligations grecques détenues par la BCE, dont une partie arrive à échéance cet été, via le MES (dispositif de gestion des crises financières de la zone euro) afin de donner de l'air aux finances grecques; restructuration de la dette due au FMI; programme de développement économique pour la période 2016-2021.
Des rumeurs sur la reprise des négociations entre Athènes et ses créanciers couraient depuis mardi matin après l'annonce d'une nouvelle proposition du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker à Alexis Tsipras.
La France pourrait bien être à la man?uvre avec M. Juncker dans cette affaire. Mardi, le ministre français des Finances Michel Sapin a exhorté en effet à agir pendant "les quelques heures pendant lesquelles, à l'initiative de la France, à l'initiative de la Commission et en particulier de M. Juncker des propositions peuvent être faites".
-Pas de discussion avant le référendum-
L'Allemagne semblait en effet depuis en retrait, la chancelière Angela Merkel annonçant refuser de négocier avec Athènes "une nouvelle aide" avant le référendum prévu dimanche.
La nouvelle proposition grecque intervient au moment où le pays est menacé d'un défaut de paiement sur sa dette au FMI. Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a confirmé mardi matin qu'il ne rembourserait par une échéance de 1,5 milliard d'euros, qui expire à 22H00 GMT, ce que les créanciers et les marchés savaient déjà depuis plusieurs jours.
Alexis Tsipras avait prévenu lundi soir que le pays était conduit "à l'asphyxie", et donc qu'il ne pourrait pas rembourser le FMI.
Des experts du dossier confirmaient lundi qu'il n'y avait dans les caisses qu'à peine de quoi boucler les salaires et pensions du mois, et en tout cas plus rien pour le FMI.
Michel Sapin a estimé aussi mardi qu'un défaut grec serait "sans grande conséquence".
Sur la même ligne, il y a 15 jours, l'agence de notation Standard & Poor's (S&P) avait rappelé qu'un non-paiement d'un Etat auprès de ses créanciers publics, comme le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale ou une banque centrale, n'était pas à proprement parler un défaut.
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